Un chantier en Mayenne : un test-diagnostic à l’entrée en seconde

CDI - Lycée Ambroise Paré – Laval (53)

Comment enseigner sans programme ? Comment évaluer au mieux les compétences et les connaissances des élèves dont nous avons la charge ? En Mayenne, un groupe de professeurs documentalistes de lycées (1) fait le pari qu'un test-diagnostic, généralisé aux nouveaux entrants en seconde, va leur permettre de programmer des contenus d'enseignement adaptés aux besoins de leurs élèves.

La genèse de ce test :

Ce test, qui est encore « en chantier », comme vous le verrez un peu plus loin, est construit dans le cadre institutionnel des « Journées de Rencontres Locales ». Ces journées sont des moments mis à disposition des professeurs documentalistes de l’académie de Nantes par l’Inspection Pédagogique Régionale afin d’échanger sur les pratiques, de mettre au point des actions concertées ou de travailler sur des questions liées à la pédagogie et à la didactique de notre discipline.

L’idée de cette évaluation diagnostique à l’entrée en seconde a pris forme assez rapidement chez moi à l’occasion de ma nouvelle affectation en lycée général et technologique à la rentrée dernière. Je me suis retrouvée plutôt démunie face à la gestion de la fameuse séance « prise de contact » qui est l’occasion de présenter le CDI aux nouveaux élèves de seconde et aussi de commencer à appréhender « où ils en sont » dans les connaissances et compétences info-documentaires.

Mais, justement, comment savoir où ils en sont ?

Un peu d’expérience en lycée et une certaine habitude à travailler sur ce niveau scolaire permet certes à beaucoup de collègues de mettre en place une première séance où sont proposés des rappels de connaissances et/ou de compétences, notamment à propos de la recherche avec un logiciel documentaire (BCDI en l’occurrence), et probablement aussi sur tout ce qui concerne les classifications, le fonctionnement du CDI.

Pour ma part, j’avais choisi de mettre les élèves en activité avec des questionnaires de recherche leur demandant d’utiliser leurs capacités à se servir de la cotation, du classement des périodiques, et de quelques fonctions de base sur BCDI.

Ce protocole mis au point dans l’urgence d’une prise de fonction m’a permis de percevoir, tantôt des manques dans les compétences attendues d’élèves de ce niveau, tantôt la confirmation de leur maîtrise de certains aspects de la recherche documentaire, entre autres une relative habileté dans des compétences procédurales, comme la recherche sous BCDI par exemple.

Mais, il m’a semblé difficile de percevoir leurs connaissances sur des notions plus abstraites, comme par exemple la question des sources, de la validation de l’information, etc. Notions, à mon sens, indispensables au travail intellectuel au lycée. Ce n’est que plus tard dans l’année, à l’occasion de l’évaluation aussi bien des exposés en ECJS, que des TPE que j’ai pu prendre la mesure des manques et des besoins des élèves.

J’ai donc fait part de mon questionnement à mes collègues de lycées du département de la Mayenne (Lycées généraux et technologiques et lycées professionnels) qui se sont montrés intéressés par une réflexion sur cette question des connaissances et compétences attendues en information-documentation à l’entrée en seconde.

Il est vrai aussi que l’absence de « programme » ou de « curriculum » dans notre domaine ne nous aide pas à construire une progression dans nos interventions. Heureusement, l’existence de référentiels (2) et, par exemple, du travail autour des notions à enseigner réalisé par P. Duplessis et Ivana Ballarini-Santonocito (3) ou par la FADBEN (4), est une véritable aide pour structurer notre enseignement.

Le test :

Pour élaborer ce test, nous avons examiné quelques exemples (un test de fin de troisième, et des tests proposés en IUFM pour les professeurs stagiaires : deux extrêmes entre lesquels devait logiquement se situer notre propos). Mais c’est surtout la discussion entre nous qui nous a permis de dégager les compétences et les savoirs nécessaires, selon nous, à des élèves en début de lycée. Là encore, c’est bien l’absence de programme qui nous oblige à nous livrer à ce type d’exercice.

Pour l’instant le test que nous vous proposons en l’état comporte quatre parties :

  • Se repérer dans le CDI

  • Utiliser un logiciel de recherche documentaire

  • Rechercher sur internet

    • Citer ses sources

Chantiers en cours :

1) Le groupe de travail a souhaité « tester ce test » dès cette année scolaire auprès d’élèves en

fin de seconde donc, afin d’en percevoir la pertinence et d’éventuellement l’améliorer.

C’est un travail en cours.

Une réunion en juin permettra de réunir les réponses des élèves. Au vu de ces réponses, il nous appartiendra de valider le test en l’état ou de proposer des améliorations.

2) Pascal Duplessis nous a signalé aussi l’attention à accorder aux conditions de réalisation du test, qui, si elles ne sont pas uniformes, risquent de fausser les résultats. Nous avons donc retenu quelques principes à respecter le plus possible :

  • Le test se fait soit en classe sous la responsabilité d’un collègue, soit au CDI

  • Aucune aide du professeur n’est apportée pendant le renseignement

  • Le test est individuel

  • Une demi-heure semble suffisant

  • Pour les questions ouvertes : il faut rédiger une phrase ou deux, même simples

  • Une présentation rapide aux élèves du test et de ses objectifs est souhaitable

3) Il nous reste à faire aussi un travail de rédaction des réponses attendues.

Probablement plusieurs niveaux de réponses peuvent être dégagés (réponses plus ou moins « savantes » ou, pour reprendre la formule de la FADBEN, « niveau de formulation débutant/niveau de formulation avancé ») qui nous permettront de commencer à construire des contenus de remédiation lors de la fameuse « première séance au CDI » de la rentrée 2008.

Car c’est bien l’objectif : partir des réponses des élèves pour repérer les manques, ou les imprécisions, et construire des apports de contenus qui prennent sens.

Un autre objectif est de faire sentir aux nouveaux lycéens qu’éventuellement, et même probablement, « ils ne savent pas tout », et que, pendant leur scolarité au lycée, l’occasion leur est offerte de se perfectionner sur ces questions de recherche et traitement de l’information, notamment dans le cadre des dispositifs type ECJS et TPE.

Prochain rendez-vous :

En juin, pour recueillir et analyser les réponses des élèves (au vu des réponses attendues) afin de fixer définitivement la forme et le contenu du test.

Peut-être aurons-nous le temps de commencer à construire les contenus à aborder avec les élèves de seconde en début d’année scolaire prochaine.

Il reste aussi à indexer chaque question du test à une/des notions info-documentaires.

Frédérique LEMARCHANT

Professeur documentaliste

Lycée Ambroise-Paré

53000 LAVAL

Notes :

(1) L’équipe de professeurs est constituée de Laurence Bridier, Jean-Yves Dalibard, Anne Davoust, Elisabeth Ghoundale, Astrid Gouello, Alain Le Foll, Frédérique Lemarchant, Maryse Mille et Anne Stoessel

(2) Par exemple celui de la FADBEN : Compétences en Information-Documentation : référentiel. Médiadoc, déc. 1997. FADBEN, 1997. ISBN 2-910902-1

(3) DUPLESSIS, Pascal, BALLARINI-SANTONOCITO, Ivana. Petit dictionnaire des concepts info-documentaires

(4) Les savoirs scolaires en information-documentation : 7 notions organisatrices. Médiadoc, mars 2007. FADBEN, 2007. ISSN 1260-7649

A lire également :

De l’évaluation des acquis à l’élaboration des savoirs info-documentaires : Le cas des questionnaires-diagnostics dans une approche de type bottom-up