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Albertini Françoise. Réaction au PACIFI : Halte au gaspillage de compétences ! Site des Trois couronnes, 29-01-2011

http://lestroiscouronnes.esmeree.fr/table-ronde/reaction-au-pacifi-halte-au-gaspillage-de-competences

Réaction au PACIFI : Halte au gaspillage de compétences !

Dès la réception du PACIFI, je me suis mise en quête de pointer les éléments qui préciseraient le rôle du professeur documentaliste dans ce parcours de formation. J'ai toujours été très attentive aux évolutions professionnelles, et sensible aux petites avancées dans les échanges avec les services du Ministère, notamment lors de la mise en place de la réforme du lycée, et dans la préparation des nouvelles épreuves du concours. J'envisageais donc cette lecture avec l'espoir que soit pris en compte le long et difficile travail des différents groupes qui œuvrent pour un véritable métier avec ses spécificités professionnelles. La question, qui m'est très vite apparue comme essentielle, fut de savoir à qui s'adressaient ces « Repères » et je parvins à la page 12 intitulée « La mise en œuvre »...

Cette page allait m'éclairer sur la « responsabilité particulière du professeur documentaliste en matière de culture de l'information ». Elle résume à elle seule une vision qui, non seulement n'amène aucun élément nouveau sur la fonction de gestion, mais nous place « en arrière garde » s'agissant de la formation des élèves, nous instituant secrétaire très officiel du PACIFI dans l'établissement : celui qui devra « évaluer » sans avoir formé, « coopérer » pour « favoriser les usages » et « mettre en place des actions éducatives et culturelles ». Pas difficile d'imaginer qu'on pensera au professeur documentaliste pour comptabiliser, cocher les cases , remplir et transmettre de jolis tableaux.

Je prends acte de cette « dépossession » de la formation active que nous dispensons à nos élèves et je m'inquiète des retombées multiples et désastreuses sur le développement des connaissances et des compétences info-documentaires, si précieuses dans les études supérieures et le monde du travail.

Je m'indigne devant ce choix politique qui consiste à ne rien laisser filtrer, dans un texte officiel, de l'enseignement spécifique assuré par le professeur documentaliste. Surtout, ne pas ouvrir une brèche qui pourrait nous identifier comme des enseignants à part entière. La Direction des ressources humaines n'en veut pas !

Il est désolant de constater le grand écart entre le niveau de recrutement de certifiés en documentation et le champ d'intervention qui nous est réservé dans le PACIFI, très grand écart en particulier entre les exigences de l'épreuve orale 1 du CAPES et l'absence de savoirs scolaires en information documentation dans le PACIFI. Les notions info-documentaires ont été purement et simplement censurées et, par conséquent, les travaux de recherche dans ce domaine sont méprisés.

Donc, pour revenir à la question posée, nous ne sommes concernés que par la mise en scène, les véritables acteurs de la formation étant les collègues de disciplines. Que pensent ces derniers de cette proposition ? Sont-ils informés ? En réalité, nous savons qu'ils traitent en priorité les parties de leur programme qui correspondent à leur discipline. Les IPR de disciplines sont-ils informés ? Vont-ils s'attacher à vérifier si les actions proposées dans les fiches sont menées au sein des disciplines ?

En résumé, il est navrant de constater une fois de plus qu'à travers les termes utilisés dans le PACIFI et dans le projet de circulaire daté du 18/01/2011, la question du développement des connaissances et des compétences info-documentaires ne soit pas envisagée sérieusement. Quel gaspillage de nos compétences !

La perspective qui se dessine à l'horizon est celle d'un profil tel qu'il est envisagé dans la logique de nos décideurs :

Documentaliste : un gestionnaire de médiathèque de quartier… à l'ère du numérique, bien entendu !