Tag : épistémologie des savoirs info-documentaires

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L'Information-Documentation au risque de l'EMI

[Antigua YC Chalenge. 2014, the innaugural edition](lien)

L'observateur peut être étonné de constater la rapidité avec laquelle l'éducation aux médias et à l'information (EMI) a été installée dans le système éducatif alors que l'Information-Documentation, qui lui est pourtant consubstantielle, semble à l'inverse ignorée, et paraît stagner. La question qui vient alors à l'esprit concerne les relations qu'entretiennent EMI et Information-Documentation. Ces deux objets d'enseignement se trouvent-ils en phase ou bien se placent-ils en concurrence, ainsi que le sort réservé à l'Information-Documentation le laisserait supposer ? L'antériorité de cette dernière sur l'EMI et le déni qu'elle rencontre amènent à penser qu'elle pourrait être remplacée ou bien prolongée par la seconde, à moins que celle-ci ne la complète, occupant alors un domaine différent. L'occultation des professeurs documentalistes dans le lancement de cette nouvelle « éducation à » et le déplacement consécutif de la responsabilité pédagogique vers l'ensemble des enseignants enfin, sont-ils de nature à considérer que l'EMI constitue un risque pour l'Information-Documentation, saisie en tant que domaine d'enseignement, champ de savoir et construction didactique ? Pour apporter une réponse à ces questions, il nous est apparu utile de confronter les contenus de l'une et de l'autre, au travers de leur épistémologie, de leurs finalités, de leur ancrage structurel et, bien entendu, de leur assise didactique.

Sommaire

Introduction

1- La construction épistémologique

  • 1.1. L'Information-Documentation, blanc bonnet
  • 1.2. L'EMI, bonnet blanc ?

2- La dimension axiologique

  • 2.1. L'EMI bipolaire
  • 2.2. L'Information-Documentation, riche de ses multiples paradigmes

3- L'ancrage structurel

  • 3.1. L'Information-Documentation, un enseignement sans discipline
  • 3.2. L'EMI, une "éducation à" sans fondation disciplinaire

4- La question didactique

  • 4.1. Orientation générale : entrer par les compétences ou par les notions ?
    • Le référentiel EMI
    • L'Information-Documentation
  • 4.2. Les formats de connaissances privilégiés
    • Connaissances déclaratives, procédurales, normatives
    • Connaissances explicites et connaissances implicites
  • 4.3. Les littératies de référence
    • Représentation des littératies dans les référentiels
    • Multi-référencement des littératies dans les référentiels
  • 4.4. Les territoires thématiques explorés
    • Comparaison des thèmes de l'EMI et des thèmes de l'Information-Documentation

Conclusion

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« Cours d’info-com, cours magistral » : pour en finir avec quelques clichés

Photo de Camille Stromboni, 2011. Licence Creative commons. (lien)

Des propos tenus ici où là sur les listes, plutôt que d’évoquer un enseignement de l’info-documentation, reprennent l’expression de « cours d’info-com », en chargeant celle-ci de connotations négatives. Cette expression semble tourner au cliché, et sert de code de reconnaissance entre ceux qui cherchent à caricaturer les travaux en didactique de l’info-documentation, dont l’unique but, pourtant, est de proposer des contenus spécifiques et des démarches originales et de frayer un chemin vers une expertise enseignante. De même, la menace du « cours magistral » est brandie comme un épouvantail destiné à écarter les collègues dont la curiosité pourrait conduire à s’intéresser à d’autres modalités d’enseignement. L'Inspection générale s’empare elle-même de plus en plus ostensiblement de cette rhétorique pour combattre les défenseurs du mandat pédagogique et pour promouvoir les learning centres, au motif qu’ils favoriseraient l’apprentissage, dans une opposition simpliste entre le teaching et le learning. Derrière ce syntagme de « cours info-com » se cache bien l’idée du cours magistral, mais également celle d’une transposition quasi littérale des concepts des Sciences de l’information-communication. Ce très mauvais procès mérite un éclaircissement.

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Le Pacifi : Un hiatus entre les fiches « Repères » et le cadrage institutionnel. Analyse critique du document Pacifi (4)

Gosier beach. Louis Gély, 2008. Sous Creative commons. lien Modif. P. Duplessis

Contre toute attente, et en dépit du choix opéré par le cadrage institutionnel en faveur de compétences transversales, les 10 fiches « Repères » abordent la dimension théorique de l’information-documentation et font appel à la construction de nombreux savoirs scolarisables. La richesse et la diversité de ces savoirs info-documentaires s’expriment même au travers de leurs différentes formes, qu’elle soit conceptuelle, analytique ou opératoire. L’analyse de l’emploi de ces formes et de leurs occurrences dans les fiches permet alors d’identifier deux orientations épistémiques privilégiées, lesquelles ne vont pas dans le sens auquel on pouvait s’attendre. Il apparaît dès lors un fossé entre le discours affiché par l’institution dans son cadrage et les prescriptions didactiques formulées par les auteurs des fiches. Comment interpréter ce qu’il faut bien appeler un clivage ?

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Trois obstacles à l’idée d’une discipline de l’Information-documentation

Séance pédagogique en salle multimédia. CLG F. Villon. Les Ponts-de-Cé (49). 2007

Participation à la table ronde « Les savoirs en information-documentation : recherches, développement actuel et perspectives d'acquisitions scolaires » au 8e Congrès de la FADBEN « Culture de l'information : des pratiques aux savoirs », Lyon, 28, 29, 30 mars 2008.

Presque 20 ans après l’instauration du CAPES de Sciences et techniques documentaires, l’idée d’une discipline de l’Information-documentation fait toujours débat. Etonnant CAPES que celui de Documentation, en vérité, qui n’est pas attaché à une discipline comme tous les autres, et qui doit même se justifier lorsqu’il est convoqué pour légitimer un enseignement ! Quoi, entend-on encore trop fréquemment, il faut un CAPES pour classer des livres ?! Quoi, les « documentalistes » évaluent les élèves ? Bien que de statut enseignant, la profession pâtit de son attachement à la Vie scolaire, source de bien des confusions et de bien des manipulations. L’appellation double de professeur documentaliste entretient également durablement cette ambiguïté : un CAPES de Mathématique ou d’Education musicale fait-il pour autant des professeurs mathématiciens ou des professeurs musiciens ? Ces derniers sont-ils des « mathématiciens et des musiciens en milieu scolaire », de la même manière qu’on peut lire quelquefois que les professeurs documentalistes seraient des « documentalistes en milieu scolaire » ? Non. Le CAPES de Documentation n’est pas un diplôme de documentaliste ou de bibliothécaire et n’a pas à se substituer à un DUT ou à un DEUST. Il est décerné à un professeur enseignant la Documentation dans un centre à la double valence d’outil didactique et de service d’information, et dont il a la responsabilité.

Si la grande majorité des professeurs documentalistes aujourd’hui se réclament enseignants, ils hésitent cependant à assumer l’éventualité du corrélat disciplinaire. Certes le cadre disciplinaire n’a pas été fourni avec l’enseignement qui découle du statut, certes l’institution, qui admet par ailleurs l’existence de ce « champ disciplinaire » retarde à généraliser un programme qui existe déjà ailleurs, notamment dans la série STG ou dans l’enseignement agricole. Mais pour autant, le blocage n’est pas qu’institutionnel. Il doit être recherché au cœur même de la profession, c’est-à-dire dans ce qui l’origine et la constitue. A l’heure où une sorte de fatalité historique (l’éternel échec de la pédagogie nouvelle), politique (le retour vers une éducation traditionnelle) et économique (« l’économie de la connaissance » prônée par la « stratégie de Lisbonne ») semble frapper le corps des enseignants documentalistes et freiner son évolution, ces derniers ne peuvent plus éluder les questions vives d’un débat qu’ils ajournent régulièrement depuis plus de 20 ans.

Ces blocages sont avant tout de nature identitaire. Et c’est à partir de ce point de portée générale, point consensuel au moins au départ, que nous tenterons de prendre à bras le corps les résistances à l’idée d’une discipline de l’Information-documentation. Ces résistances nous apparaissent comme autant de représentations faisant obstacle à l’évolution du processus de professionnalisation des professeurs documentalistes. Si les facteurs responsables de cette méfiance ressentie par la profession à l’égard de l’option disciplinaire sont complexes et mériteraient un long développement dans le cadre d’une sociologie des professions, il est toutefois possible d’avancer quelques repères en espérant qu’en mettant à plat un certain nombre de non-dits, une réflexion commune puisse être entreprise qui interrogerait ces représentations et permettrait de lever les obstacles.

Nous avançons ainsi que ces obstacles pourraient provenir d’interférences avec le modèle canonique que constitue la pédagogie dite traditionnelle, entraînant dans son cortège de vives protestations un certain nombre de confusions sur l’idée d’une discipline originale. Au nombre de ces protestations à saisir comme autant d’indices à lever pour comprendre, il nous faudra également interroger les représentations professionnelles sur les savoirs à enseigner et sur l’évaluation des apprentissages…

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De l’évaluation des acquis à l’élaboration des savoirs info-documentaires : Le cas des questionnaires-diagnostics dans une approche de type bottom-up

Pour construire les savoirs scolaires de l’Information-documentation, comme pour établir des plans de formation, il s'avère de plus en plus nécessaire de chercher à connaître auparavant comment les élèves se les représentent, ce qu’ils savent déjà ou croient savoir. Le postulat constructiviste est que des conceptions erronées peuvent constituer des obstacles aux apprentissages. Mais comment identifier ces obstacles ? Comment repérer les représentations des élèves ? Pourquoi ne pas partir des tests-diagnostics auxquels certains collègues soumettent les élèves en début d’année ? Il n’est qu’à suivre les exemples des académies de Nantes, de Rennes, de Dijon ou encore de Versailles… Mais ces outils sont-ils fiables ? Une étude succincte de ces tests, indépendamment des résultats qu’ils permettent d’obtenir, révèle que leur constitution témoigne avant tout des attentes et des représentations de leurs concepteurs en matière de définition des contenus à enseigner…


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Apports épistémologiques à la didactique de l'Information-documentation : Des outils pour identifier, référer et structurer le domaine conceptuel

Dès son introduction officielle dans l’école il y a 50 ans, la matière documentaire a suscité, à partir d’une dualité intrinsèque dissociant support physique et contenu de connaissances, la génération de deux profils professionnels distincts et complémentaires correspondant à deux entités : le gestionnaire et l’enseignant. Si le premier n’est qu’une transposition dans le monde scolaire du métier récent de documentaliste, le second s’avère être une création propre au milieu d’accueil. Cette innovation résulte à la fois du projet social de former les élèves à la maîtrise de l’information et d’un désir, exprimé par une partie majoritaire des enseignants documentalistes, d’affiliation statutaire au corps des professeurs. Ces deux aspirations, celle de la formation raisonnée des élèves et celle d’une clarification de l’identité enseignante, en viennent à emprunter la même voie, celle de la rationalisation des contenus info-documentaires à enseigner.

L’instauration du CAPES de Documentation, en 1989, a stimulé la réflexion didactique. La matière documentaire, utilisée à l’origine uniquement comme objet pour l’étude au service des disciplines, est en passe de devenir objet d’étude en tant que matière d’enseignement. Cependant, l’analyse de la réflexion accompagnant l’établissement des contenus de savoir concernés révèle que celle-ci n’en est encore qu’au stade du tâtonnement.

Au nombre des freins retardant cette évolution, un obstacle majeur tient à la nature épistémologique des objets de savoir visés. Jusque là considérés comme des allants de soi relevant de procédures et de notions implicites, requis pour le travail de l’élève mais ne devant pas être enseignés, ces savoirs sont progressivement mis en lumière par les travaux relevant de l’heuristique, de démarches de spécification et de structuration de la matière, et de promotion à un statut de plus haut niveau épistémologique.

Le recours à des outils conceptuels empruntés aux didactiques des disciplines permet de confirmer et de prolonger ces différents points relatifs à la délimitation d’un champ possible de savoirs à enseigner. L’expertise cadastrale du domaine s’articule ainsi autour de trois préoccupations épistémologiques majeures qui sont la recherche de la filiation des savoirs, l’estimation de leur statut et l’examen de leur organisation conceptuelle. Il ressort de ce travail une première approche critique des conditions épistémologiques requises à l’élaboration d’un ensemble de savoirs à enseigner, conditions exigibles d’une didactique de l’Information-documentation.

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