Sommaire

Identité professionnelle

Auduc, ô désespoir ! Autorité informationnelle et désinformation au préjudice des professeur·e.s documentalistes

*Daz.*, 2018 (CC : BY NC ND)

Qui oserait suspecter un éminent collègue, agrégé de philosophie, auteur d'une myriade d'ouvrages sur le système éducatif, de faire œuvre de négligences, voire de partialité au risque de désinformer ses lecteurs, dans la 10ème édition d'un guide publié par la non moins célèbre maison Hachette Éducation ? L'image des professeur·e.s documentalistes, dans le texte que nous avons repéré, en fait pourtant les frais et la profession peut mesurer le préjudice subi. Voici bien un cas de désinformation, volontaire ou non, d'autant plus grave et étonnant qu'il met en cause deux autorités informationnelles que sont l'auteur et son éditeur. De quoi reconsidérer également notre jugement sur la crédibilité que l'on devrait accorder à l'imprimé au regard du numérique. La notoriété, l'expertise et la publication sur papier sont-elles garantes de la fiabilité de l'information et un rempart contre la désinformation ? Certainement pas à coup sûr. C'est ce que cette analyse voudrait démontrer en faisant un « cas d'école » du chapitre que Jean-Louis Auduc consacre au CDI et à ses responsables enseignant.e.s dans « Le système éducatif français aujourd'hui : de la maternelle à la terminale », édition de 2017.

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Du « bon fonctionnement » de la circulaire de missions des professeurs documentalistes

La circulaire de missions du 28 mars 2017 est donc la troisième de ce nom à préciser le rôle et le statut du professeur documentaliste. Quarante ans tout juste après la première (1977) et trente et un ans après la seconde (1986) qui se trouve en conséquence abrogée, cette circulaire, pour le moins attendue par la profession, se présente comme la nécessaire actualisation de ses missions. De fait, un retard important s'était accumulé qui nuisait à la lisibilité de l'identité professionnelle du professeur documentaliste et à la portée de son action. Sur le plan statutaire, le CAPES de Documentation qui a fait du professeur documentaliste un certifié de Documentation est à présent acté. De même est attestée, en tout premier lieu, la référence à l'arrêté du 1er juillet 2013 relatif au référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l'éducation. La circulaire est ainsi présentée comme découlant de cet arrêté et devant servir à le préciser. En conséquence, sur le plan symbolique cette fois, l'appellation « professeur documentaliste » - sans trait d'union – est clairement affirmée et affichée, ce qui ne peut que renforcer l'identité et l'action pédagogiques des intéressés. Sur le plan pragmatique enfin, l'actualisation opérée prend pour appui la nécessité de faire acquérir aux élèves une culture informationnelle et l'adaptation à l'évolution des pratiques en matière de communication et d'usages numériques. Enfin, le texte prend acte du fait, trop longtemps tu ou dénié, que les professeurs documentalistes témoignent d'une réelle pratique d'enseignement.

Connaissant l'intensité des débats qui ont précédé cette cinquième tentative d'écriture de la circulaire, il est évident que celle-ci ne peut qu'être lue avec circonspection. Ce qui intéresse en effet les acteurs est de mesurer les avancées ou les reculs apportés par le texte, et de savoir si ce nouveau mandat va pouvoir les aider dans leur exercice ou bien au contraire les gêner. Pour apporter un éclairage sur ces questions, nous proposons une lecture de la circulaire du 28 mars à partir des quatre piliers qui nous apparaissent soutenir tout l'édifice : le statut du professeur documentaliste, la vocation du CDI, la nature de la matière d'enseignement et la place de la politique documentaire.


Sommaire

1- Le professeur documentaliste, un enseignant sous conditions

  • . Enseignement...
  • . … et flexibilité
  • . Le professeur documentaliste et les (vrais) enseignants
  • . « Le professeur documentaliste peut exercer des heures d'enseignement ».
  • . Le « bon fonctionnement du CDI »

2- Le CDI : un espace, deux fonctions complémentaires mais exclusives

  • . Exit le 3C ?
  • . Le CDI comme lieu dédié à la formation
  • . « Lieu de formation » et « bon fonctionnement », des injonctions contradictoires

3- L'Information-Documentation, une matière disciplinaire enfin reconnue mais peu consistante

  • . « Ils forment tous les élèves à l'information documentation »
  • . Information-Documentation et EMI : deux champs distincts 
  • . Modalités et objets de l'Information-Documentation
  • . La relance de la didactique de l'Information-Documentation ?

4- La politique documentaire, une fonction détournée

  • . La politique documentaire, un concept exogène
  • . Une contradiction importante entre l'arrêté et la circulaire à propos de la politique documentaire

Conclusion : lecture contre lecture, a-t-on avancé ?

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Projet de circulaire de mission : quand l'expérience nourrit la vigilance

Le travail sur la circulaire de mission des professeurs documentalistes initié par la DGESCO se poursuit, réunissant représentants de l’administration et représentants des organisations syndicales. Un deuxième projet de circulaire est soumis aux participants comme base de travail pour la troisième réunion prévue pour le 16 novembre prochain, qui précise les orientations suivies et la terminologie employée. A ce stade, nous proposons aux participants de ce groupe de travail d'être attentifs aux trois questions suivantes : la présentation des axes de mission, la prévalence d'un axe particulier, les rôles et place du professeur documentaliste.

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L'EMI, quel(s) enseignement(s) pour le professeur documentaliste ?

Les acteurs institutionnels de l'EMI en France (Duplessis, CC)

Support de communication lors des Journées départementales des professeurs documentalistes de l'académie de Nantes.

Depuis plus d'un an, en France, l'EMI est partout. Le thème s'invite aux colloques, aux journées départementales et académiques, à toutes les réunions de professeurs documentalistes et sature leur espace médiatique. Il envahit les écrans d'EDUSCOL, de CANOPE et de tous les acteurs institutionnels ou pas. Les éléments de langage de sa rhétorique sont Citoyenneté, Transversalité, Créativité, Défense de la République. Un référentiel de compétences vient de paraître en marge des nouveaux programmes du cycle 4 du collège. Mais voilà. Les professeurs documentalistes, engagés de par leur expertise et leur certification dans l'information documentation et l'éducation aux médias depuis les origines de la profession, armés d'un CAPES de Sciences et techniques documentaires adossé aux Sciences de l'information, de la communication et de la documentation, s'attendaient à tenir un rôle majeur dans cette éducation et à voir leurs conditions d'enseignement facilitées pour mener à bien cette mission. Tout au contraire, ils découvrent déclaration après déclaration qu'ils sont exclus de ce projet par l'employeur lui-même dont ils attendaient pour le moins qu'il les soutienne et s'appuie sur eux en priorité.

Cette communication a pour but de faire le point sur ce dossier, du point de vue des professeurs documentalistes. Nous irons voir du côté des coulisses, écouter ce que l'on dit d'eux et surtout, tenter de répondre à la question : l'EMI et l'information-documentation : quelle(s) différence(s) ?

Sommaire :

  • Introduction
  • 1. L'EMI, de quoi parle-t-on ?
    • Les origines internationales de l'EMI
    • Émergence de l'EMI en France
    • Les acteurs institutionnels
    • Un nouveau format scolaire : les « éducations à... »
  • 2. L'EMI et le professeur documentaliste
    • Quelle place lui est réservée dans les textes institutionnels ?
  • 3. L'EMI et l'information-documentation
    • L'EMI et la question épistémologique
    • Les contenus de l'EMI
    • Le curriculum réalisé des professeurs documentalistes et le référentiel EMI
  • Conclusion
    • La triple légitimité des professeurs documentalistes
    • Les différentes postures possibles
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Nouveaux savoirs, nouvel enseignement, nouvelle pédagogie : Information-documentation, une discipline en devenir ?

Texte paru dans Mediadoc n°5, déc. 2010.

Sommaire :

. Introduction

  1. Le documentaliste n’enseigne pas, il signale
  2. Le documentaliste, un formateur
  3. Une nouvelle matrice disciplinaire pour enseigner l’information-documentation
  4. Éléments pour penser la discipline information-documentation
  5. De la pédagogie documentaire aux pédagogies en information-documentation

. Conclusion


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Partie 4- Les professeurs documentalistes et l'EMI

« Le ministère veillera à ce qu‘un média – radio, journal, blog ou plateforme collaborative en ligne – soit développé dans chaque collège et dans chaque lycée. Les professeurs documentalistes seront tout particulièrement mobilisés à cette fin. »

Najat Vallaud-Belkacem, 22 janvier 2015.


Quelle place l'institution laisse-t-elle aux professeurs documentalistes et quel rôle lui assigne-t-elle dans l’Éducation à l'information et aux médias ? Pour répondre à cette question, nous avons interrogé les vingt textes officiels qui annoncent, accompagnent et promeuvent l'EMI depuis son émergence en France en 2012. A partir de ceux-ci, et des signaux que nous donnent à voir les opérateurs de la « stratégie du numérique », peut-on tirer un premier bilan de l'impact que produit l'EMI dans le champ de l'information-documentation et sur l'identité professionnelle des professeurs documentalistes ? De quelles marges de manœuvre ceux-ci disposent-ils, quelles sont leurs raisons d'avancer et quels peuvent être leurs leviers d'action ?

Sommaire

1 Rôle assigné par l'institution aux professeurs documentalistes

2 Place laissée par les opérateurs de l'EMI aux professeurs documentalistes

3 Les marges de manœuvre des professeurs documentalistes

Conclusion générale

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Partie 3- Les enjeux économiques et industriels de la stratégie du numérique

« Le marché mondial de l’e-Éducation est ainsi évalué à 91 milliards de dollars, avec une perspective de croissance annuelle de 23 % d’ici à 2017 » (« La nouvelle France industrielle »)


Dans l'univers de l'école, nous sommes enclins à accepter et à nous satisfaire des discours politiques sur les enjeux éducatifs et citoyens du numérique. Mais d'autres enjeux forts existent, portés par des discours révélant une réalité économique âpre, qui mettent en perspective les premiers. De récents rapports gouvernementaux, faisant de l'éducation numérique un levier pour la croissance économique de la France, nous obligent à reconsidérer l'EMI prise dans les rets de la stratégie numérique.

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Partie 2- L'EMI dans la stratégie numérique

" Développer une grande ambition numérique pour enseigner par le numérique et enseigner le numérique." (Loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République)


Dans la première partie, nous avons retracé les origines internationales de l’Éducation aux médias et à l'information (EMI) et observé comment celle-ci a d'abord été considérée comme une éducation aux médias augmentée de l’éducation à l'information dans un contexte où le support numérique était promis à une formidable extension. L'EMI, à peine introduite en France, s'est alors trouvée aussitôt catapultée dans la stratégie numérique du ministère de l’Éducation nationale et prise dans le jeu des restructurations de ses grands opérateurs, dont le CLEMI et Canopé, tous deux placés sous l'égide de la Direction du numérique pour l'éducation (DNE).

Avant de regarder plus en détail la place dévolue à l'EMI dans les textes officiels encadrant la promotion de la stratégie numérique, et notamment sa dissolution possible dans la culture numérique, constatons à partir de quelques références que les premiers effets de cette stratégie ont touché Canopé et le CLEMI.

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L’Éducation aux médias et à l'information (EMI) et la stratégie numérique : Le choc des cultures (Partie 1)

EMI : La chaîne alimentaire. Duplessis et Daz. (2015)

"L’EMI doit s’inscrire dans la « stratégie numérique »." CATHERINE BECCHETTI-BIZOT


Investigation dans les textes officiels français et internationaux de ces dernières années pour savoir d'où vient l’Éducation aux médias et à l'information, pourquoi le concept s'est implanté si rapidement en France et quels sont les enjeux qu'il sert dans le jeu complexe de la réorganisation des services du ministère de l’Éducation nationale suite à la Refondation de l’École et au lancement de la stratégie numérique. Il s'agira d'observer l'équilibre entre les différentes composantes épistémologiques (information, média, numérique) de l'EMI qui résulte de ces évolutions et de discerner la place laissée aux professeurs documentalistes dans un domaine qui les concerne largement.

Le texte de l'article sera publié en quatre livraisons selon le plan suivant :

  • 1- L'EMI ou l'EAM augmentée
    • 1.1. L'origine de l'EMI
    • 1.2. L'EMI dans le prolongement de l'éducation aux médias
    • 1.3. Le CLEMI opérateur de l'EMI
    • 1.4. Le CLEMI repris en main par Canopé, ex-CNDP
    • 1.5. La DNE, l'EMI et le numérique
  • 2- L'EMI dans la stratégie numérique
    • 2.1. Canopé et le CLEMI, leviers de la transition numérique
    • 2.2. L'EMI au défi du numérique
    • 2.3. L'EMI, digital literacy, un B2i rénové ?
    • 2.4. La place de l'EMI dans la stratégie numérique
  • 3- Les enjeux économiques et industriels de la stratégie du numérique
    • 3.1. Petit historique de la stratégie numérique
    • 3.2. La filière économique du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel
    • 3.3. Faire entrer le (marché du) numérique dans l'aire de l'école.
    • 3.4. La question du numérique au cœur du projet de l’École
  • 4- Les professeurs documentalistes et l'EMI
    • 4.1. Place et rôle du professeur documentaliste dans les textes d'accompagnement de l'EMI
    • 4.2. Quelles sont les marges de manœuvre de l'enseignant documentaliste ?
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L'EMI, une « bonne nouvelle » pour les professeurs documentalistes ? Un exemple de conversion sur Docpoursdocs

Pourquoi réagir aujourd'hui plus qu'hier à un énième article sur le prétendu miracle de la révolution numérique à l'école ? Entre les pages d' Eduscol, les lettres TIC'Edu, les Traam, le MoocdocTice et jusqu'aux Boussoles du numériques et Ludovia, il y a pourtant mille et une occasions de marquer sa distance vis-à-vis de la massive online stratégie de l'institution consistant à précipiter « l'école dans l'ère du numérique », à moins qu'il ne s'agisse de faire entrer – par tous les moyens possibles - l'économie numérique dans l'école. Cette stratégie est le fait d'une institution (pourtant) publique qui semble pressée d'en finir avec le modèle humaniste de l'école française.

Non, c'est un humble article de collègues1 récemment publié sur docpourdocs qui provoque cette réaction et m'incite à appeler à la prudence, au risque de passer en l'occurrence pour retardataire ou technophobe, puisque aujourd'hui, tout discours appelant à prendre le temps de l'examen est qualifié de négatif. La question que pose cet article de docpourdocs s'inscrit bien dans cette réflexion que nous devons avoir, en tant qu'enseignant et en tant que professeur documentaliste, vis à vis des injonctions et des discours hégémoniques relatifs à l'intégration du numérique dans toutes les dimensions de l'école ou à l'implantation de tous les dispositifs, tels l'EMI, dans les programmes. L'article souhaite, par l'exemple, montrer « comment dynamiser les équipes autour de l'EMI ». Cette entreprise semblerait pourtant bien anodine si le secours ainsi prêté au discours officiel ne provenait de professeurs documentalistes, s'il ne s'agissait pas de professeurs documentalistes connus pour leurs travaux en didactique de l'information-documentation, si cet article n'était pas publié dans Docpourdocs et s'il n'était pas question de l'EMI, une « éducation à » qui intéresse particulièrement notre profession.

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