L'ECDI version learning centre : vers 39 H de gestion ?

Le projet de circulaire de mai 2010 faisait glisser les CDI vers des ECDI, Espaces de Culture, de Documentation et d'Information, étroitement inspirés des learning centres anglo-saxons. Un rapport de l'Inspection générale des bibliothèques intitulé "Les learning centres : modèle international de bibliothèque intégrée à l’enseignement à la recherche" était paru sur le sujet en décembre 2009. Si la mention de l'ECDI n'existe plus dans le nouveau projet de circulaire, un certain nombre de considérations présentes dans le rapport de l'Inspection générale des bibliothèques y sont visibles : le rapprochement des bibliothécaires [des documentalistes] et des informaticiens ; la notion de service, de soutien, d’aide et d’assistance à l’usager, avec en toile de fond une interrogation sur la limite de la polyvalence des personnels qu'entraîne la multiplication des services ; le learning centre, un environnement pédagogique seulement complémentaire aux dispositifs existants de formation initiale. Et enfin, une ouverture maximale 24h/24 et 7j/7. Une amplitude d'ouverture qui pourrait bien s'étendre dans les CDI grâce au rapprochement avec la fonction de chef de travaux.

Comme cela a déjà été signalé, notamment par Angèle Stalder sur le site des Trois couronnes, le rapprochement entre le projet de circulaire de mission et le texte définissant la fonction de chef de travaux est plus que troublant.

Non seulement notre fonction enseignante est gommée, mais ce qui se dessine aussi, c'est une présence maximale dans l'établissement pouvant aller jusqu'à 39 heures par semaine, cette amplitude horaire nous permettant de réaliser les innombrables tâches de gestion qui nous incomberaient.

Plusieurs questions écrites ont déjà été posées au Sénat au sujet des heures supplémentaires des professeurs documentalistes. Les réponses données font à chaque fois référence à deux décrets de 1950 et précisent que les heures supplémentaires sont réservées aux personnels enseignants dont les obligations de service sont définies par les décrets n° 50-581, 50-582 et 50-583 du 25 mai 1950, ce qui n'est pas le cas des professeurs de documentation.

La fonction de chef de travaux (définie dans la circulaire n° 91-306 du 21 novembre 1991), initialement réservée aux professeurs agrégés, Mais devant la difficulté du recrutement, elle est devenue accessible aux professeurs certifiés par le décret n°2003-268 du 19 mars 2003. Ce décret nous permet donc d'intégrer cette fonction. Décret qui précise que, par dérogation aux dispositions des décrets n° 50-581 et 50-582 du 25 mai 1950, les chefs de travaux sont tenus de fournir sans rémunération supplémentaire un service hebdomadaire de 39H...

Les professeurs documentalistes ne bénéficient pas d'heures supplémentaires parce que leurs obligations de service ne sont pas définies dans des décrets de 1950, ni d'ailleurs les chefs de travaux. Mais eux, si, par dérogation à ces même décrets ! L'ouverture maximale des CDI est donc envisageable, comme dans les learning centres...

La convergence du projet de circulaire, du texte sur la fonction de chef de travaux et la référence aux ECDI en lien avec les learning centres il y a quelques mois, laisse bien apparaître le centrage des tâches sur la gestion, la logistique et la satisfaction de l'usager. Mais là nous ne parlons plus de "professeur" documentaliste.

A quand les "3C" dans les CDI : "Computers, Comfort and Cappuccinos" ?