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Du « bon fonctionnement » de la circulaire de missions des professeurs documentalistes

La circulaire de missions du 28 mars 2017 est donc la troisième de ce nom à préciser le rôle et le statut du professeur documentaliste. Quarante ans tout juste après la première (1977) et trente et un ans après la seconde (1986) qui se trouve en conséquence abrogée, cette circulaire, pour le moins attendue par la profession, se présente comme la nécessaire actualisation de ses missions. De fait, un retard important s'était accumulé qui nuisait à la lisibilité de l'identité professionnelle du professeur documentaliste et à la portée de son action. Sur le plan statutaire, le CAPES de Documentation qui a fait du professeur documentaliste un certifié de Documentation est à présent acté. De même est attestée, en tout premier lieu, la référence à l'arrêté du 1er juillet 2013 relatif au référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l'éducation. La circulaire est ainsi présentée comme découlant de cet arrêté et devant servir à le préciser. En conséquence, sur le plan symbolique cette fois, l'appellation « professeur documentaliste » - sans trait d'union – est clairement affirmée et affichée, ce qui ne peut que renforcer l'identité et l'action pédagogiques des intéressés. Sur le plan pragmatique enfin, l'actualisation opérée prend pour appui la nécessité de faire acquérir aux élèves une culture informationnelle et l'adaptation à l'évolution des pratiques en matière de communication et d'usages numériques. Enfin, le texte prend acte du fait, trop longtemps tu ou dénié, que les professeurs documentalistes témoignent d'une réelle pratique d'enseignement.

Connaissant l'intensité des débats qui ont précédé cette cinquième tentative d'écriture de la circulaire, il est évident que celle-ci ne peut qu'être lue avec circonspection. Ce qui intéresse en effet les acteurs est de mesurer les avancées ou les reculs apportés par le texte, et de savoir si ce nouveau mandat va pouvoir les aider dans leur exercice ou bien au contraire les gêner. Pour apporter un éclairage sur ces questions, nous proposons une lecture de la circulaire du 28 mars à partir des quatre piliers qui nous apparaissent soutenir tout l'édifice : le statut du professeur documentaliste, la vocation du CDI, la nature de la matière d'enseignement et la place de la politique documentaire.


Sommaire

1- Le professeur documentaliste, un enseignant sous conditions

  • . Enseignement...
  • . … et flexibilité
  • . Le professeur documentaliste et les (vrais) enseignants
  • . « Le professeur documentaliste peut exercer des heures d'enseignement ».
  • . Le « bon fonctionnement du CDI »

2- Le CDI : un espace, deux fonctions complémentaires mais exclusives

  • . Exit le 3C ?
  • . Le CDI comme lieu dédié à la formation
  • . « Lieu de formation » et « bon fonctionnement », des injonctions contradictoires

3- L'Information-Documentation, une matière disciplinaire enfin reconnue mais peu consistante

  • . « Ils forment tous les élèves à l'information documentation »
  • . Information-Documentation et EMI : deux champs distincts 
  • . Modalités et objets de l'Information-Documentation
  • . La relance de la didactique de l'Information-Documentation ?

4- La politique documentaire, une fonction détournée

  • . La politique documentaire, un concept exogène
  • . Une contradiction importante entre l'arrêté et la circulaire à propos de la politique documentaire

Conclusion : lecture contre lecture, a-t-on avancé ?

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L'EMI, quel(s) enseignement(s) pour le professeur documentaliste ?

Les acteurs institutionnels de l'EMI en France (Duplessis, CC)

Support de communication lors des Journées départementales des professeurs documentalistes de l'académie de Nantes.

Depuis plus d'un an, en France, l'EMI est partout. Le thème s'invite aux colloques, aux journées départementales et académiques, à toutes les réunions de professeurs documentalistes et sature leur espace médiatique. Il envahit les écrans d'EDUSCOL, de CANOPE et de tous les acteurs institutionnels ou pas. Les éléments de langage de sa rhétorique sont Citoyenneté, Transversalité, Créativité, Défense de la République. Un référentiel de compétences vient de paraître en marge des nouveaux programmes du cycle 4 du collège. Mais voilà. Les professeurs documentalistes, engagés de par leur expertise et leur certification dans l'information documentation et l'éducation aux médias depuis les origines de la profession, armés d'un CAPES de Sciences et techniques documentaires adossé aux Sciences de l'information, de la communication et de la documentation, s'attendaient à tenir un rôle majeur dans cette éducation et à voir leurs conditions d'enseignement facilitées pour mener à bien cette mission. Tout au contraire, ils découvrent déclaration après déclaration qu'ils sont exclus de ce projet par l'employeur lui-même dont ils attendaient pour le moins qu'il les soutienne et s'appuie sur eux en priorité.

Cette communication a pour but de faire le point sur ce dossier, du point de vue des professeurs documentalistes. Nous irons voir du côté des coulisses, écouter ce que l'on dit d'eux et surtout, tenter de répondre à la question : l'EMI et l'information-documentation : quelle(s) différence(s) ?

Sommaire :

  • Introduction
  • 1. L'EMI, de quoi parle-t-on ?
    • Les origines internationales de l'EMI
    • Émergence de l'EMI en France
    • Les acteurs institutionnels
    • Un nouveau format scolaire : les « éducations à... »
  • 2. L'EMI et le professeur documentaliste
    • Quelle place lui est réservée dans les textes institutionnels ?
  • 3. L'EMI et l'information-documentation
    • L'EMI et la question épistémologique
    • Les contenus de l'EMI
    • Le curriculum réalisé des professeurs documentalistes et le référentiel EMI
  • Conclusion
    • La triple légitimité des professeurs documentalistes
    • Les différentes postures possibles
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La DGESCO et la DNE contre l'information-documentation

Sujet d'une petite campagne de communication au début du mois de décembre, la mise à jour, sur le site Eduscol du Ministère de l'Education nationale, du dossier relatif à l'Education aux médias et à l'information (EMI), suscite quelques interrogations, non pas sur les listes de diffusion des professeurs documentalistes, très silencieuses depuis 2012 au sujet de l'avenir des professeurs documentalistes, mais sur les réseaux sociaux en ligne, nouveaux espaces d'expression des inquiétudes et lassitudes pour la profession. Cette mise à jour, a priori anodine, peut apparaître comme une énième provocation de certains interlocuteurs institutionnels à l'égard de la profession, parmi la DGESCO et la DNE, sans grande réactivité de la part de l'inspection nationale en charge du dossier Documentation.

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Nouveaux savoirs, nouvel enseignement, nouvelle pédagogie : Information-documentation, une discipline en devenir ?

Texte paru dans Mediadoc n°5, déc. 2010.

Sommaire :

. Introduction

  1. Le documentaliste n’enseigne pas, il signale
  2. Le documentaliste, un formateur
  3. Une nouvelle matrice disciplinaire pour enseigner l’information-documentation
  4. Éléments pour penser la discipline information-documentation
  5. De la pédagogie documentaire aux pédagogies en information-documentation

. Conclusion


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L'EMI, une « bonne nouvelle » pour les professeurs documentalistes ? Un exemple de conversion sur Docpoursdocs

Pourquoi réagir aujourd'hui plus qu'hier à un énième article sur le prétendu miracle de la révolution numérique à l'école ? Entre les pages d' Eduscol, les lettres TIC'Edu, les Traam, le MoocdocTice et jusqu'aux Boussoles du numériques et Ludovia, il y a pourtant mille et une occasions de marquer sa distance vis-à-vis de la massive online stratégie de l'institution consistant à précipiter « l'école dans l'ère du numérique », à moins qu'il ne s'agisse de faire entrer – par tous les moyens possibles - l'économie numérique dans l'école. Cette stratégie est le fait d'une institution (pourtant) publique qui semble pressée d'en finir avec le modèle humaniste de l'école française.

Non, c'est un humble article de collègues1 récemment publié sur docpourdocs qui provoque cette réaction et m'incite à appeler à la prudence, au risque de passer en l'occurrence pour retardataire ou technophobe, puisque aujourd'hui, tout discours appelant à prendre le temps de l'examen est qualifié de négatif. La question que pose cet article de docpourdocs s'inscrit bien dans cette réflexion que nous devons avoir, en tant qu'enseignant et en tant que professeur documentaliste, vis à vis des injonctions et des discours hégémoniques relatifs à l'intégration du numérique dans toutes les dimensions de l'école ou à l'implantation de tous les dispositifs, tels l'EMI, dans les programmes. L'article souhaite, par l'exemple, montrer « comment dynamiser les équipes autour de l'EMI ». Cette entreprise semblerait pourtant bien anodine si le secours ainsi prêté au discours officiel ne provenait de professeurs documentalistes, s'il ne s'agissait pas de professeurs documentalistes connus pour leurs travaux en didactique de l'information-documentation, si cet article n'était pas publié dans Docpourdocs et s'il n'était pas question de l'EMI, une « éducation à » qui intéresse particulièrement notre profession.

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Au-delà de la méthodologie documentaire : Un territoire à investir

J'ai signé le manifeste de la FADBEN parce que je ressens de plus en plus concrètement combien les conditions d'encadrement, de recrutement et d'exercice aujourd'hui faites aux enseignants documentalistes nous enferment dans une fonction de service, de dépannage voire de rafistolage des brèches ouvertes dans les parcours scolaires.

Ces brèches, qu'on tente de masquer par une conception magique de l'auto-apprentissage et des TICE, constituent une atteinte aux obligations de service public et à l'égalité des chances. Le travail autonome et la démarche informationnelle sont partout requis dans le cursus scolaire, ils ne peuvent être laissés au bon vouloir des personnels et/ou au capital culturel des familles.

Comment sortir l'info-documentation de la fonction d'appoint où elle est cantonnée ? Je ferai ci-dessous trois propositions visant à étayer la reconnaissance d'un champ disciplinaire autonome et à introduire la parité dans les dispositifs interdisciplinaires. Cette conquête passe principalement, à mes yeux, par un changement de position : de l'info-documentation au sein du corpus scolaire, des professeurs documentalistes dans les dispositifs en vigueur.

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Professeur documentaliste, un logiciel libre ?

Après les débats qui ont occupé la liste de diffusion e-doc à la fin de l'année 2011, réfléchissant à l'écriture d'un article sur l'actualité de la profession de professeur documentaliste, ce titre est le premier qui me soit venu à l'esprit. Il m'est apparu toutefois quelque peu risible, peu sérieux, pouvant être suivi de sous-parties pour le moins loufoques : « une profession en version bêta depuis 1986 », « le MEN, une start-up sur le retour », « et la gratuité dans tout cela ? ». Passant davantage de temps sur le contenu de l'article, je constate que le titre, finalement, convient tout à fait, posant la question de la programmation de l'individu professeur documentaliste, dans une liberté souvent revendiquée par la profession. Cette liberté apparaît pour le moins problématique au vu de certains témoignages, les textes qui encadrent nos missions, comme la circulaire de 1986 ou les rapports d'inspection, permettent largement que cette liberté se retourne contre la profession. Les directions actuelles des services d'inspection et, plus globalement, des services administratifs, montrent d'ailleurs qu'ils peuvent s'appliquer sans vergogne à la nouvelle programmation et à la nouvelle rédaction d'un mode d'emploi du professeur documentaliste. Enfin, ce titre pose bien sûr la question des TICE et de leur développement, TICE pour lesquelles le professeur documentaliste pourrait bientôt apparaître seulement comme un vecteur organisateur, au lieu d'en être un acteur pédagogique.

Convaincu de l'importance du développement numérique et de la nécessité d'y accorder une place forte dans les établissements scolaires, je souhaite ici, en m'appuyant sur un certain nombre de textes scientifiques ou administratifs (1), proposer un état des lieux, aussi court que modeste, de mon point de vue, sur les évolutions récentes, sur les orientations parfois malheureusement promises et sur celles que l'on pourrait souhaiter. Je pousserai jusqu'à présenter quelques pistes, pas toujours originales, non seulement pour ne pas m'en tenir à une posture seulement critique et négative, mais surtout pour démontrer que l'optimisme est de rigueur quand on peut espérer que le courage et la volonté s'affirment à l'avenir aux bons endroits.

Bien entendu je ne reprends pas les sous-titres énoncés ci-dessus. Nos problématiques n'étant pas isolées, j'essaierai d'abord de faire un point sur le contexte actuel de l’Éducation nationale, en y observant la place particulière de la profession de professeur documentaliste, avant d'analyser le récent développement des technologies de l'information et de la communication dans l'école et ses conséquences sur nos missions et sur nos pratiques, en abordant l'aspect technique et documentaire avant l'aspect pédagogique de la question.

Note : 1. Très inspiré en particulier par la relecture du rapport Fourgous (Réussir l’école numérique : Rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, sur la modernisation de l’école par le numérique. Assemblée Nationale, 2009) et par la lecture de OCDE (2011), Regards sur l’éducation 2011 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE.. Ou encore par la lecture de Karine Aillerie, Pratiques informationnelles informelles des adolescents (14 - 18 ans) sur le Web, déc. 2011, thèse disponible en ligne.

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« Réinventer les CDI » : analyse d’un slogan. Regard sur la stratégie de communication de l’IGEN EVS pour faire entrer les Learning centres dans le secondaire

Leland Francisco, (09-2011). "Mask"(lien) Licence CC.

L’inspecteur honoraire Jean-Pierre Véran, par la voie d’un entretien accordé à La Lettre aux Documentalistes de novembre 2011 (ONISEP Languedoc-Roussillon) nous apprend qu’un groupe de travail piloté par l’IGEN EVS et la DGESCO œuvre à « repenser les espaces CDI et salles de permanences au niveau des collèges et des lycées ». Cette annonce, qui ne devrait pourtant pas nous surprendre depuis le séminaire « Du CDI au Learning centre » (mars 2011), fait l’effet d’un électro-choc dans une période d’intense débat dans la profession. Ses plus vigilants veilleurs, dont InterCDI, la FADBEN, le SNES et Les Trois couronnes ont depuis plusieurs années alerté sur les évolutions en cours et les menaces qui pèsent sur les professeurs documentalistes et la formation des élèves. Celles-ci se précisent de manière accélérée et ne sauraient être ignorées plus longtemps.

Les menaces qui pèsent sur le mandat pédagogique du professeur documentaliste ne viennent pas tant de la prétendue incapacité de celui-ci à s’adapter à la « révolution numérique », comme on voudrait nous le faire croire, mais de la volonté délibérée et calculée de notre tutelle de vider de son sens le CAPES et, partant, de « ré-interroger » le statut d’enseignant qui lui est attaché. Privé de formation qui aurait permis d’accompagner cette révolution, coupé des liens qui l’attachent à la recherche et déconsidéré dans son expertise didactique, ce professionnel se voit une nouvelle fois accusé d’incompétence et d’archaïsme.

Ce procédé discriminatoire avait déjà été utilisé pour installer les politiques documentaires dans les établissements au début de la dernière décennie. Le but était, et est encore aujourd’hui, de dénier toute prétention du professeur documentaliste à enseigner, de le confiner dans des tâches de plus en plus gestionnaires (management des ressources) et de le réintégrer totalement dans le giron de la vie scolaire pour en faire à la fois le responsable de la permanence numérisée, le chef de projet et le conseiller technique du chef d’établissement (information specialist). Les intérêts de l’IGEN EVS et du réseau CNDP convergent sur cette idée que les personnels de la documentation doivent à présent se consacrer entièrement à la gestion du marché des ressources numériques à l’échelle de l’établissement. Le Learning (resource) centre, n’est en fait qu'un CDI revu et corrigé par le CNDP.

Derrière le slogan « Réinventer les CDI » choisi pour cette campagne de communication se profilent des enjeux importants pour l’avenir statutaire de la profession et, par voie de conséquence, pour l’acculturation des élèves à l’information.

Cet entretien d’un ancien IPR-EVS, membre des directoires à la fois du CAPES Documentation et du concours externe des CPE, exprime en quelques lignes bien pesées l'orthodoxie politique et la rhétorique de l’institution. C’est pourquoi nous le prendrons comme fil conducteur pour cette nouvelle analyse du discours de l’inspection générale.

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« Madame, je ne savais pas que Google existait dans d’autres langues. » Accompagner n’est pas enseigner, ou comment les Learning centres participent à la fracture numérique

Cette parole saisissante d’un élève de 2nde m’a interloquée en cette fin de journée, où je l’accompagnai sur une recherche documentaire à réaliser pour son professeur d’espagnol.

Tout est dans cette phrase. Elle trahit le manque de culture informationnelle, l’illettrisme numérique et rend compte tout à la fois de l’ampleur du travail didactique et pédagogique à faire. Elle souligne également dans son contexte le glissement de terrain qui s’opère progressivement dans les CDI de la pédagogie vers l’accompagnement. Et donc de l’avènement dans nos centres de ressources du concept de Learning center qui même s’il ne correspond pas encore aux exigences architecturales qui le caractérisent, est déjà, à mon sens, bien présent dans nombre d’établissement.

Favoriser l’accueil et l’accompagnement personnalisé dans les CDI, c’était déjà faire du Learning centre avant la lettre.

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Souci de l'élève et didactique

Identité enseignante VS learning centre.

Ce qu'il y a derrière ce débat, ce sont bien des choix de sociétés dévoilés par les théories de l'apprentissage sur lesquelles on prend appui. Entre le postulat de l'apprentissage situé qui suppose moins de professeurs, où chaque apprenant reçoit en fonction de l'énergie qu'il investit dans son travail, et une pédagogie volontariste ciblée sur le plus grand nombre et prenant en compte obstacles et difficultés d'apprentissage, le ministère a choisi, pensant faire l'économie d'une didactique et surtout de postes de professeurs. Les défenseurs de l'identité enseignante ET de la didactique − l'un supposant l'autre − quant à eux se réfèrent au courant constructiviste qui met motivation et réussite des élèves au cœur de l'action pédagogique.

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Professeur-documentaliste ou professeur documentaliste ?

Au-delà de l’interrogation grammaticale et orthographique, c’est une question de sémantique qui se pose.

A lire les interventions récentes sur les listes de diffusion professionnelles et certains commentaires postés à la suite d’articles publiés sur le site Les Trois Couronnes, je m’interroge sur l’opportunité de préserver ce trait d’union entre les deux mots qui forment le nom de notre profession (1). Il est manifeste qu’il est devenu le symbole non pas d’une interaction de pratiques (2), mais celui de divergences profondes qui secouent notre profession.

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« Cours d’info-com, cours magistral » : pour en finir avec quelques clichés

Photo de Camille Stromboni, 2011. Licence Creative commons. (lien)

Des propos tenus ici où là sur les listes, plutôt que d’évoquer un enseignement de l’info-documentation, reprennent l’expression de « cours d’info-com », en chargeant celle-ci de connotations négatives. Cette expression semble tourner au cliché, et sert de code de reconnaissance entre ceux qui cherchent à caricaturer les travaux en didactique de l’info-documentation, dont l’unique but, pourtant, est de proposer des contenus spécifiques et des démarches originales et de frayer un chemin vers une expertise enseignante. De même, la menace du « cours magistral » est brandie comme un épouvantail destiné à écarter les collègues dont la curiosité pourrait conduire à s’intéresser à d’autres modalités d’enseignement. L'Inspection générale s’empare elle-même de plus en plus ostensiblement de cette rhétorique pour combattre les défenseurs du mandat pédagogique et pour promouvoir les learning centres, au motif qu’ils favoriseraient l’apprentissage, dans une opposition simpliste entre le teaching et le learning. Derrière ce syntagme de « cours info-com » se cache bien l’idée du cours magistral, mais également celle d’une transposition quasi littérale des concepts des Sciences de l’information-communication. Ce très mauvais procès mérite un éclaircissement.

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"Bas les masques" ou comment on tente de "reprofiler" une profession sans décision réglementaire !

Ayant suivi l'actualité de notre profession, j'ai eu des échos assez précis des Rencontres SavoirsCDI de Rennes. Donc, je ne m'étonne pas du contenu de l’article de Pascal Duplessis dont je partage l'analyse. Je viens de rendre la 3ème édition de mon ouvrage sur les CDI, édition refondue et réécrite presque entièrement, qui paraîtra en février prochain. J'y développe (et dénonce) la même logique d'une stratégie volontaire, discrètement et habilement menée depuis 2004 et dont la cohérence prend son sens avec les projets de Learning centres, que j’ai appelée la "stratégie du Petit Poucet", les cailloux ayant été listés par Pascal.

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Les learning centres dans le secondaire : stratégie institutionnelle et enjeux pour la formation des élèves et l’identité de l’enseignant documentaliste

Quoi qu’on en dise, la question des learning centres agite et inquiète les professeurs documentalistes quant au contenu de leur future fiche de poste, même si, en apparence, ils ne réagissent guère. Les concepts de Politique documentaire, Pacifi et Learning centres sont du reste souvent perçus comme autant d’orientations distinctes, voire contraires. Il s’en dégage, pour certains de nos collègues du moins, l’idée que les Learning centres sont une nouvelle mode et que, comme toutes les modes, elle passera. Il serait donc inutile de s’y intéresser, et il n'y aurait qu'à laisser l’institution s’amuser avec son nouveau joujou… Pour ma part, je n’en crois rien, convaincu au contraire de l'existence d'un schéma d'ensemble intégrant ces trois projets. J'en donnerai trois raisons. La première est l’activisme que l’on observe depuis un an autour de ce projet et de ses avancées, la deuxième est la cohérence que le projet de learning centre entretient avec le concept de politique documentaire et le Pacifi, la troisième, enfin, est l’acharnement observable qui consiste à vouloir vider de son sens la circulaire de missions de 1986.

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Le Pacifi et le tropisme procédural de l'institution. Analyse critique du document Pacifi (2)

Gosier beach. Louis Gély, 2008. Sous Creative commons. lien Modif. P. Duplessis

Quels types de connaissances le document Pacifi propose-t-il aux élèves ? Une analyse statistique des occurrences révèle la nature épistémologique de ces connaissances. Les discours de cadrage confirment bien que le choix a été fait de ne s’en tenir qu’à des compétences de type procédural ou transversal, en référence au modèle anglo-saxon d’information literacy centré sur la maîtrise de l’information. Mais la réduction des contenus info-documentaires à des capacités et des attitudes tirées du Socle commun n’est pas sans poser des questions de fond relativement à la recherche de cohérence affichée par l’Inspection générale. Certaines contradictions commencent à apparaître…

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1. Le Pacifi, un océan de questions. Introduction à une analyse critique du document Pacifi

Gosier beach. Louis Gély, 2008. Sous Creative commons. lien

Le document Pacifi se présente comme un texte officiel de recommandations pour structurer les formations info-documentaires du collège au lycée. Il se veut à l’usage de tous les enseignants et même des CPE. Afin de pouvoir s’adapter à ce public très large, son contenu a nécessité un traitement relativement superficiel, se réduisant à une combinaison de 10 capacités et 10 attitudes relevant du Socle commun. Pour autant, sa rhétorique vise à séduire les professeurs documentalistes en proposant un certain nombre de réponses qui intéressent la profession : parcours, progression, référentiel, culture de l’information. Il reste à savoir si ces éléments, au-delà des apparences, sont de nature à satisfaire les réels besoins de formation des élèves et à conforter le mandat pédagogique des professeurs-documentalistes ou non. Il convient d’être circonspect en la matière et de poser les termes d’un débat nécessaire pour l’avenir de la profession. Une analyse en plusieurs étapes est proposée afin de se construire une opinion.

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De l'alternative à l'alibi pédagogique : Le CDI, figure de l’autrement de l’école ?

Public library Amsterdam, also known as OBA. Par kwikzilver. lien

Dépositaires des grandes utopies pédagogiques (l’accès autonome aux savoirs, l’émancipation critique…), construits en marge de l’école traditionnelle et un temps propulsés « fers de lance de la rénovation pédagogique », les professeurs-documentalistes et les CDI se sont laissés enfermer dans une posture alternative et ont vu leur rôle progressivement réduit à une portion congrue à côté des disciplines instituées. La longue marche de l’information-documentation comme possible « discipline scolaire » peut être ainsi appréhendée au travers des multiples figures de l’autrement et de l’ailleurs scolaires. L’énergie avec laquelle l’enseignant-documentaliste persiste à vouloir enseigner « autrement » n’a d’égale que la constance avec laquelle l’institution le maintien dans un subalternat pédagogique, aliénant ses contenus d’enseignement et l’obligeant à des actions de formation épisodiques. Un constat sévère, et des propositions pour faire passer l’information-documentation de l’alternatif au continu.

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Évaluer, noter, publiciser : gestes professionnels et enjeu de professionnalisation pour les professeurs-documentalistes

"Résultats du bac, un frère dans le stress...", par Indeepdark, 2005. lien

« Suis-je totalement à côté de la plaque et/ou dois-je changer de métier ???? » a écrit il y a peu une collègue sur la liste de diffusion e-doc (16-12-2008). Elle s’alarmait du fait que son chef d’établissement, alerté par des parents, lui reprochait de noter les copies de ses élèves. Elle précisait pourtant que cette note n’était inscrite que sur les copies des élèves volontaires et qu’elle n’était pas reportée sur le bulletin scolaire. Son message commençait ainsi : « Je commence sérieusement à me poser des questions sur mon travail/mon métier et les missions que je dois accomplir en tant que "professeur" documentaliste».

Le malaise que ressent cette collègue est largement partagé. Il est logé au cœur même de cette ambiguïté fondatrice de la profession : être "enseignant" mais surtout pas "professeur" au sens traditionnel du terme. Je souhaite profiter ici de l’interpellation de notre collègue, interpellation essentielle à la réflexion globale sur notre professionnalisation, pour proposer quelques remarques à propos de la notation qui peut faire suite à l’évaluation des apprentissages documentaires, ainsi qu’au report des notes sur le bulletin de l’élève.

Il me semble qu’un retour aux origines de la profession et un rappel de son arrière-plan idéologique est de nature à mieux saisir le sens de ce refus de la note en contexte d’apprentissage documentaire. Je voudrais ensuite montrer, à partir d’une distinction à remarquer entre l’évaluation, la notation et la transmission de la note à l’administration, comment c’est ce dernier geste professionnel qui, bien davantage que les deux autres, est particulièrement engageant pour la reconnaissance de l’enseignement info-documentaire.

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Trois obstacles à l’idée d’une discipline de l’Information-documentation

Séance pédagogique en salle multimédia. CLG F. Villon. Les Ponts-de-Cé (49). 2007

Participation à la table ronde « Les savoirs en information-documentation : recherches, développement actuel et perspectives d'acquisitions scolaires » au 8e Congrès de la FADBEN « Culture de l'information : des pratiques aux savoirs », Lyon, 28, 29, 30 mars 2008.

Presque 20 ans après l’instauration du CAPES de Sciences et techniques documentaires, l’idée d’une discipline de l’Information-documentation fait toujours débat. Etonnant CAPES que celui de Documentation, en vérité, qui n’est pas attaché à une discipline comme tous les autres, et qui doit même se justifier lorsqu’il est convoqué pour légitimer un enseignement ! Quoi, entend-on encore trop fréquemment, il faut un CAPES pour classer des livres ?! Quoi, les « documentalistes » évaluent les élèves ? Bien que de statut enseignant, la profession pâtit de son attachement à la Vie scolaire, source de bien des confusions et de bien des manipulations. L’appellation double de professeur documentaliste entretient également durablement cette ambiguïté : un CAPES de Mathématique ou d’Education musicale fait-il pour autant des professeurs mathématiciens ou des professeurs musiciens ? Ces derniers sont-ils des « mathématiciens et des musiciens en milieu scolaire », de la même manière qu’on peut lire quelquefois que les professeurs documentalistes seraient des « documentalistes en milieu scolaire » ? Non. Le CAPES de Documentation n’est pas un diplôme de documentaliste ou de bibliothécaire et n’a pas à se substituer à un DUT ou à un DEUST. Il est décerné à un professeur enseignant la Documentation dans un centre à la double valence d’outil didactique et de service d’information, et dont il a la responsabilité.

Si la grande majorité des professeurs documentalistes aujourd’hui se réclament enseignants, ils hésitent cependant à assumer l’éventualité du corrélat disciplinaire. Certes le cadre disciplinaire n’a pas été fourni avec l’enseignement qui découle du statut, certes l’institution, qui admet par ailleurs l’existence de ce « champ disciplinaire » retarde à généraliser un programme qui existe déjà ailleurs, notamment dans la série STG ou dans l’enseignement agricole. Mais pour autant, le blocage n’est pas qu’institutionnel. Il doit être recherché au cœur même de la profession, c’est-à-dire dans ce qui l’origine et la constitue. A l’heure où une sorte de fatalité historique (l’éternel échec de la pédagogie nouvelle), politique (le retour vers une éducation traditionnelle) et économique (« l’économie de la connaissance » prônée par la « stratégie de Lisbonne ») semble frapper le corps des enseignants documentalistes et freiner son évolution, ces derniers ne peuvent plus éluder les questions vives d’un débat qu’ils ajournent régulièrement depuis plus de 20 ans.

Ces blocages sont avant tout de nature identitaire. Et c’est à partir de ce point de portée générale, point consensuel au moins au départ, que nous tenterons de prendre à bras le corps les résistances à l’idée d’une discipline de l’Information-documentation. Ces résistances nous apparaissent comme autant de représentations faisant obstacle à l’évolution du processus de professionnalisation des professeurs documentalistes. Si les facteurs responsables de cette méfiance ressentie par la profession à l’égard de l’option disciplinaire sont complexes et mériteraient un long développement dans le cadre d’une sociologie des professions, il est toutefois possible d’avancer quelques repères en espérant qu’en mettant à plat un certain nombre de non-dits, une réflexion commune puisse être entreprise qui interrogerait ces représentations et permettrait de lever les obstacles.

Nous avançons ainsi que ces obstacles pourraient provenir d’interférences avec le modèle canonique que constitue la pédagogie dite traditionnelle, entraînant dans son cortège de vives protestations un certain nombre de confusions sur l’idée d’une discipline originale. Au nombre de ces protestations à saisir comme autant d’indices à lever pour comprendre, il nous faudra également interroger les représentations professionnelles sur les savoirs à enseigner et sur l’évaluation des apprentissages…

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Citation du professeur documentaliste dans le rapport n°2007-083 d’août 2007 « L’éducation aux médias : Enjeux, états des lieux, perspectives ».

Planche-medias. Cliché : Abode of Chaos. lien

Sur quelles représentations de la place et du rôle du professeur documentaliste les auteurs du rapport se sont-ils appuyés pour analyser l’éducation des médias à l’école et fournir leurs propositions ?

Une recherche des occurrences dans le document est un préalable indispensable pour s’en faire une idée.

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Résultats des enquêtes 2007 du SNES. Alors… garder l’espoir ou pas ?

Le SNES publie les résultats des deux enquêtes réalisées en 2007. Au total, 926 réponses permettent de prendre la température du positionnement identitaire des professeurs documentalistes. S’il est aujourd’hui à craindre la rapide disparition de notre profession, en premier temps dans son aspect duel (documentaliste ET enseignant), celle-ci revendique néanmoins haut et fort une action pédagogique directe auprès des élèves.

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Apports épistémologiques à la didactique de l'Information-documentation : Des outils pour identifier, référer et structurer le domaine conceptuel

Dès son introduction officielle dans l’école il y a 50 ans, la matière documentaire a suscité, à partir d’une dualité intrinsèque dissociant support physique et contenu de connaissances, la génération de deux profils professionnels distincts et complémentaires correspondant à deux entités : le gestionnaire et l’enseignant. Si le premier n’est qu’une transposition dans le monde scolaire du métier récent de documentaliste, le second s’avère être une création propre au milieu d’accueil. Cette innovation résulte à la fois du projet social de former les élèves à la maîtrise de l’information et d’un désir, exprimé par une partie majoritaire des enseignants documentalistes, d’affiliation statutaire au corps des professeurs. Ces deux aspirations, celle de la formation raisonnée des élèves et celle d’une clarification de l’identité enseignante, en viennent à emprunter la même voie, celle de la rationalisation des contenus info-documentaires à enseigner.

L’instauration du CAPES de Documentation, en 1989, a stimulé la réflexion didactique. La matière documentaire, utilisée à l’origine uniquement comme objet pour l’étude au service des disciplines, est en passe de devenir objet d’étude en tant que matière d’enseignement. Cependant, l’analyse de la réflexion accompagnant l’établissement des contenus de savoir concernés révèle que celle-ci n’en est encore qu’au stade du tâtonnement.

Au nombre des freins retardant cette évolution, un obstacle majeur tient à la nature épistémologique des objets de savoir visés. Jusque là considérés comme des allants de soi relevant de procédures et de notions implicites, requis pour le travail de l’élève mais ne devant pas être enseignés, ces savoirs sont progressivement mis en lumière par les travaux relevant de l’heuristique, de démarches de spécification et de structuration de la matière, et de promotion à un statut de plus haut niveau épistémologique.

Le recours à des outils conceptuels empruntés aux didactiques des disciplines permet de confirmer et de prolonger ces différents points relatifs à la délimitation d’un champ possible de savoirs à enseigner. L’expertise cadastrale du domaine s’articule ainsi autour de trois préoccupations épistémologiques majeures qui sont la recherche de la filiation des savoirs, l’estimation de leur statut et l’examen de leur organisation conceptuelle. Il ressort de ce travail une première approche critique des conditions épistémologiques requises à l’élaboration d’un ensemble de savoirs à enseigner, conditions exigibles d’une didactique de l’Information-documentation.

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Les référentiels de compétences info-documentaires : Enjeux, intérêts et limites

La matière d'enseignement de l'information documentation ne s’appuie sur aucun programme officiel, mais est cadrée par de nombreux référentiels de compétences visant la formation des élèves à la méthodologie documentaire. Une étude de ces outils référentiels (leurs enjeux, leur composition) apporte des éléments pour mieux comprendre les représentations du métier et la conception de l’information, principalement axée sur une approche procédurale. A contrario, une réhabilitation de la conception syncrétique de la compétence peut amener à dégager leur dimension déclarative et fournir des bases pour une didactisation de l’information. Par ailleurs, tous les référentiels ne se prêtent pas au même emploi lorsqu’il s’agit de s’en servir pour l’évaluation des élèves. Il reste alors à distinguer entre leurs différentes fonctions : évaluation formative régulant l’apprentissage, ou bien validation certificative permettant d’attester les acquisitions ? Le choix de tel ou tel référentiel dessine ainsi trois catégories d’intentions : pragmatique, cognitive, info-culturelle. L’évaluation est bien la « signature » de l’enseignant.

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