Les invariants de la fiche d'activité(s)

P. Duplessis.

L'incontournable fiche d'activité se retrouve au centre de la grande majorité des séances pédagogiques. Elle médiatise les rapports entre l'enseignant.e (ses attentes), l'élève (son travail) et les connaissances à construire, au travers des activités et des interactions qui composent la séance. Objet perpétuel de recherche d'efficacité, la fiche évolue au rythme des expérimentations dans les classes et de sa circulation entre les collègues. Et si elle porte souvent l'empreinte personnelle de son auteur.e, il n'en reste pas moins qu'elle représente un outil didactique particulier, bien reconnaissable en ce qu'elle comprend des éléments invariables qui ont pour fonction de faciliter le travail de l'élève, sa progression dans l'apprentissage et l'évaluation de celui-ci.

La fiche d'activité, ou « fiche élève », est sans aucun doute l'outil didactique qui vient le plus à l'esprit des professeurs documentalistes lorsqu'ils conçoivent une séance pédagogique. Ces fiches sont quantitativement bien plus présentes sur le web que les fiches de préparation au motif qu'elles sont jugées plus indispensables et plus utiles aux élèves. Elles accompagnent en effet son travail en répondant à des attentes diverses, comme orienter et guider l'activité pas à pas, faciliter la compréhension de la tâche en décomposant l'activité ou en proposant des tableaux, grilles et autres dispositifs graphiques permettant le recueil de données, compléter le cours, aider à la structuration des connaissances ou encore organiser l'évaluation de l'apprentissage. Véritables outils de médiation entre l'enseignant.e et les élèves, entre la consigne et le travail, elles sont la plupart du temps des productions originales, conçues pour telle séance et pour tels élèves, avec le souci manifeste de s'adapter au mieux, non seulement au niveau cognitif de la classe, mais également aux contraintes matérielles de la séance (accès aux matériaux, disposition de la salle, disponibilité des matériels numériques) et à sa durée.

Chaque fiche d'activité se trouve être pour ainsi dire unique, mais vouée à connaître de nombreuses retouches et ajustements au fil de ses réutilisations et des mutualisations successives. Pour autant, elle porte invariablement la marque de son auteur.e, qui dispose toujours les parties constitutives de la fiche de la même manière ou qui utilise toujours telle typographie reconnaissable. Cette « patte » de l'enseignant.e établit un rapport de familiarité avec l'élève et peut l'aider à mieux comprendre ses attendus. Mais au-delà du respect d'une charte graphique, il est important d'avoir à l'esprit que toute fiche d'activité participe du contrat didactique instauré entre l'enseignant.e et l'élève, contrat qui fonde en partie sa cohérence grâce à un ensemble de signes formels et de rituels. Si l'enseignant.e attend de l'élève que celui-ci réussisse l'activité au travers d'une utilisation optimale et docile de la fiche qu'il lui a proposée, l'élève, de son côté, attend de l'enseignant.e qu'il-elle balise cette activité de jalons familiers et de repères ergonomiques. Cette attente concerne bien évidemment la présence et la clarté des consignes, la qualité et l'utilisabilité des outils graphiques mis à sa disposition (liste, grille, schéma, QCM) ou encore le repérage facilité de la succession des exercices. Voici pour les parties les plus visibles composant toute fiche, mais il existe d'autres éléments, plus ténus, souvent oubliés, qui devraient figurer parmi les invariants à retrouver, tels l'énoncé des objectifs, la pagination, la date, ou encore le nom de la matière qui encadre la séance.

Modélisation de la fiche d'activité

Fiche_d_activité fig 1. Les invariants de la fiche d'activité

N.B. La fiche qui est modélisée ci-dessus appartient au type des « fiches de présentation des résultats »1. Elle se différencie des fiches dédiées à la structuration des connaissances ou d'évaluation. Instrument des méthodes actives d'observation ou d'investigation2, dans sa structure, elle distingue le ou les activité(s) contextualisées des activités d'induction. Les premières concentrent le travail de l'élève sur le traitement de matériaux (données, informations, documents, médias) concrets et particuliers à partir de consignes précises tandis que les secondes demandent à l'élève de tirer parti de ces observations pour faire l'hypothèse de règles et de lois et ainsi accéder à un niveau de compréhension supérieur de généralisation. Cette approche inductive est ensuite exploitée dans la phase de mise en commun où l'on passera définitivement des cas singuliers de l'activité à la notion visée par la séance.

Les fonctions des éléments qui composent la fiche d'activité

Pour appuyer la nécessité de faire figurer tous ces invariants dans les fiches d'activité, nous proposons de préciser ci-dessous les fonctions principales de chacun d'entre eux :

Fonctions_Fiche_d_activité Fig 2. Principales fonctions des invariants des fiches d'activité.


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