Structure des référentiels de compétences info-documentaires

Un référentiel de compétences transpose au plan de la formation la liste des objectifs terminaux de la discipline. Ces objectifs correspondent aux différents types de connaissances (savoirs, savoir-faire, savoir être) visés par la formation des élèves. Apparue au début des années 60 aux Etats-Unis et arrivée en France dans les années 70, la notion d’objectif en pédagogie a fondé ce que Louis D’Hainault (Des fins aux objectifs de l’éducation, 1977) a considéré comme une « théorie moderne de l’action éducative » et qui a pris le nom de pédagogie par objectifs (PPO).

But des référentiels de compétences

L’idée principale est de rationaliser au mieux l’activité pédagogique en la découpant généralement en unités de comportements observables (béhaviorisme) de manière à disposer de critères d’évaluation fins. La liste complète des objectifs visés pour une formation est ainsi établie, et présentée sous forme de taxonomies (formation du grec taxis « arrangement, ordre » et nomos « loi », soit « la science des lois de la classification »). Ces classifications ordonnées hiérarchisant les objectifs par niveaux s’appliquent aux opérations mentales, aux activités intellectuelles ou aux attitudes.

Relier les objectifs de la discipline aux finalités de l'école

D’un point de vue didactique, on s’intéressera aux relations instaurées, ou à instaurer clairement dans le cas de disciplines non encore finalisées comme l’est l’Information-documentation, entre les hautes finalités de l’école (l’axiologie) et les objectifs opérationnels qui guident l’action concrète de l’enseignant (la didactisation), et ceci dans le cas d’une transposition didactique restreinte. (Voir le tableau dans la fiche complète)

Louis D’Hainault (id.) montre comment cette chaîne continue entre fins, buts et objectifs s’élabore à trois niveaux de décisions : au niveau politique sont déterminées les finalités de l’action ; au niveau de la gestion de l’Education sont précisés les buts (maillon crucial articulant les fins, qui s’adressent à toutes les disciplines en général, à telle discipline en particulier) qui permettent de réaliser les fins de la politique éducative ; au niveau de la réalisation enfin, où sont déterminés les objectifs exprimant les résultats attendus des actions entreprises pour atteindre les buts (voir fichier joint). Ce dernier niveau peut à présent être décliné en trois types d’objectifs : généraux, intermédiaires et spécifiques (ou opérationnels). Les objectifs généraux sont destinés à n’être atteints qu’après un temps relativement long, voire l’ensemble du cursus scolaire, tandis que les objectifs spécifiques restent à l’échelle de temps de la séquence, traduits en activités de formation et correspondant à des comportements observables (Berbaum Jean. Apprentissage et formation. 1989). Nous reconnaîtrons par ailleurs dans les objectifs intermédiaires la liste des « étapes de la recherche documentaire ». S’agissant des objectifs spécifiques, Olivier Reboul (Qu'est-ce qu'apprendre ? Pour une philosophie de l'enseignement. 2001) précise qu’ils doivent répondre aux cinq critères d’opérationnalité suivants : être univoques, définir une conduite de l’élève, être observables, mentionner les conditions de leur apparition et indiquer les critères de leur évaluation.

Critique des référentiels de compétences

Ce primat du comportement observable, bien que s’accompagnant d’une centration « révolutionnaire » sur l’apprenant et du souci de sa réussite, fait l’objet de nombreuses critiques. Jean-Pierre Astolfi et al. (Mots-clés de la didactique des sciences : repères, définitions, bibliographies. 1997) résument ainsi les limites de la PPO en différents points : la réduction des apprentissages à une liste de savoir faire utilitaires (« être capable de »), l’atomisation des performances en micro-apprentissages successifs qui émiettent le sens global, le rétrécissement des apprentissages au court terme et la centration excessive sur l’évaluation. Ajoutons à cela qu’elle évacue l’étude des concepts des visées de la formation. Cette manière d’envisager la formation par un découpage en unités fines de savoir faire prévaut toujours aujourd’hui. Malgré ses limites, elle conserve le mérite de clarifier l’action de l’enseignant et de lui permettre de cadrer sa séquence pédagogique à l’intérieur d’un projet d’enseignement rigoureux cherchant la cohérence entre ce qui est visé et ce qui est atteint. En didactique, la notion d’objectif comme visée structurant la séquence, bifurque vers l’idée d’objectif-obstacle, dérivant non plus d’un programme a priori, mais de l’identification préalable des obstacles rencontrés par les élèves (Martinand Jean-Louis. Connaître et transformer la matière : Des objectifs pour l’initiation aux sciences et techniques.1986).

Taxonomie des objectifs de l'enseignement de l'information-documentation

L’exemple que nous fournissons (fichier joint) vise d’une part à relier de manière cohérente les finalités de l’Ecole aux objectifs de l’Information-documentation par la détermination de ses buts afin de légitimer son statut de discipline et, d’autre part, à montrer comment la présentation des compétences info-documentaires au moyen des référentiels s’intègre à une lecture compatible à la PPO pour fournir de façon raisonnée les objectifs nécessaires aux formations. Nous en profitons également pour réinstaller la compétence (voir Qu'est-ce qu'une compétence ?) dans sa dimension intégrative et globale en montrant qu’il est possible de corréler les savoir faire (connaissances procédurales) aux concepts (connaissances déclaratives).


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