Ces tests ont pour vocation de faire le point des savoirs et des compétences acquis par les élèves au terme ou à l’entrée d’un cycle. Ils guident ainsi l’action pédagogique des professeurs soit de manière rétrospective (avons-nous atteint nos objectifs ?), soit de manière projective (quels vont être alors nos objectifs prioritaires de formation ?). Souvent proposés à de nombreuses classes, voire établissements d’un même bassin, l’entreprise devient vite difficile à gérer. Sans doute est-ce pour cette raison que ce genre d’initiative est somme toute peu courant. On peut remarquer toutefois celles de l’académie de Nice , du lycée Emiland Gauthey de Châlon-sur-Saône ou encore du lycée M. Balavenne de Saint-Brieuc. Il est à relever que la plupart de ces tests ont en commun d’évaluer principalement la connaissance de notions et non pas la maîtrise de compétences. Notons encore qu’un projet de ce type est actuellement conduit par un groupe de travail de la Mayenne.

C’est un projet qui mérite d’être porté à plusieurs, à l’échelle d’un bassin et, pourquoi pas, d’une académie… en attendant encore mieux. Dans la perspective d’un curriculum, il paraît difficile en effet de ne pas chercher à faire périodiquement le point des acquisitions info-documentaires des élèves à des niveaux bien précis. Si l’institution n’y songe pas, ce pourrait être un chantier associatif que de proposer un prototype d’évaluation diagnostique à l’entrée de 6ème, de 2nde et en fin de Terminale par exemple.

La décision pour un collectif d’établissements étant prise de se doter d’un outil diagnostique, cinq phases restent à prévoir :

1) l’élaboration du questionnaire : c’est ici que la publication des tests réalisés revêt toute son importance. Il s’agit de mutualiser les expériences et d’en tirer des conclusions ;

2) la constitution d’un protocole de présentation afin d’harmoniser les conditions de renseignement du questionnaire par les classes ;

3) le dépouillement du questionnaire : il doit être pensé en même temps qu’est constitué le questionnaire ;

4) l’analyse des résultats : moment clé du projet, elle doit révéler les acquis, tout en les précisant, mais également les besoins de formation des élèves ;

5) la traduction de cette analyse dans un nouveau projet de formation.

L’intérêt des tests-diagnostics à plus ou moins grande échelle est triple, il s’agit de :

1) harmoniser les actions d’enseignement entre les professeurs documentalistes;

2) construire une culture professionnelle commune ;

3) rationaliser des référents de connaissances à enseigner afin de légitimer et de clarifier notre mandat pédagogique, autour notamment de l’articulation conception/évaluation des apprentissages.

Le site des Trois couronnes est donc heureux de publier ce travail coordonné par Anita Franquet et Anne Bouchez dans sa rubrique « Chantier » et de mettre ainsi à disposition un outil dont chacun peut s’emparer pour le faire évoluer. Le travail de dépouillement ainsi qu’une brève analyse accompagnent ce questionnaire. J’en profite pour inviter les collègues qui ont produit de semblables questionnaires-diagnostics, quel que soit le niveau, à prendre contact avec moi afin de les faire connaître de même.

Mais si les résultats de ces tests attirent légitimement toute notre attention, il est tout aussi important de s’intéresser également aux outils qui les produisent (Lire "De l’évaluation des acquis à l’élaboration des savoirs info-documentaires : Le cas des questionnaires-diagnostics dans une approche de type bottom-up"). Je propose ainsi d’analyser ces questionnaires donnés aux classes à partir d’une part, des objets de connaissances visés par l’évaluation et, d’autre part, des modalités qui sont utilisées pour les recueillir. La grille d’analyse des tests-diagnostics que j’expérimente à partir de 5 questionnaires fait apparaître une très grande différence sur ces deux points d’un outil à l’autre. Il est fort possible que les outils ainsi construits, avant de mesurer les représentations des élèves, commencent par renvoyer en miroir les attentes des enseignants documentalistes et leurs propres représentations en matière de contenus à enseigner !