Tag : critique de la pédagogie traditionnelle

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« Cours d’info-com, cours magistral » : pour en finir avec quelques clichés

Photo de Camille Stromboni, 2011. Licence Creative commons. (lien)

Des propos tenus ici où là sur les listes, plutôt que d’évoquer un enseignement de l’info-documentation, reprennent l’expression de « cours d’info-com », en chargeant celle-ci de connotations négatives. Cette expression semble tourner au cliché, et sert de code de reconnaissance entre ceux qui cherchent à caricaturer les travaux en didactique de l’info-documentation, dont l’unique but, pourtant, est de proposer des contenus spécifiques et des démarches originales et de frayer un chemin vers une expertise enseignante. De même, la menace du « cours magistral » est brandie comme un épouvantail destiné à écarter les collègues dont la curiosité pourrait conduire à s’intéresser à d’autres modalités d’enseignement. L'Inspection générale s’empare elle-même de plus en plus ostensiblement de cette rhétorique pour combattre les défenseurs du mandat pédagogique et pour promouvoir les learning centres, au motif qu’ils favoriseraient l’apprentissage, dans une opposition simpliste entre le teaching et le learning. Derrière ce syntagme de « cours info-com » se cache bien l’idée du cours magistral, mais également celle d’une transposition quasi littérale des concepts des Sciences de l’information-communication. Ce très mauvais procès mérite un éclaircissement.

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Trois obstacles à l’idée d’une discipline de l’Information-documentation

Séance pédagogique en salle multimédia. CLG F. Villon. Les Ponts-de-Cé (49). 2007

Participation à la table ronde « Les savoirs en information-documentation : recherches, développement actuel et perspectives d'acquisitions scolaires » au 8e Congrès de la FADBEN « Culture de l'information : des pratiques aux savoirs », Lyon, 28, 29, 30 mars 2008.

Presque 20 ans après l’instauration du CAPES de Sciences et techniques documentaires, l’idée d’une discipline de l’Information-documentation fait toujours débat. Etonnant CAPES que celui de Documentation, en vérité, qui n’est pas attaché à une discipline comme tous les autres, et qui doit même se justifier lorsqu’il est convoqué pour légitimer un enseignement ! Quoi, entend-on encore trop fréquemment, il faut un CAPES pour classer des livres ?! Quoi, les « documentalistes » évaluent les élèves ? Bien que de statut enseignant, la profession pâtit de son attachement à la Vie scolaire, source de bien des confusions et de bien des manipulations. L’appellation double de professeur documentaliste entretient également durablement cette ambiguïté : un CAPES de Mathématique ou d’Education musicale fait-il pour autant des professeurs mathématiciens ou des professeurs musiciens ? Ces derniers sont-ils des « mathématiciens et des musiciens en milieu scolaire », de la même manière qu’on peut lire quelquefois que les professeurs documentalistes seraient des « documentalistes en milieu scolaire » ? Non. Le CAPES de Documentation n’est pas un diplôme de documentaliste ou de bibliothécaire et n’a pas à se substituer à un DUT ou à un DEUST. Il est décerné à un professeur enseignant la Documentation dans un centre à la double valence d’outil didactique et de service d’information, et dont il a la responsabilité.

Si la grande majorité des professeurs documentalistes aujourd’hui se réclament enseignants, ils hésitent cependant à assumer l’éventualité du corrélat disciplinaire. Certes le cadre disciplinaire n’a pas été fourni avec l’enseignement qui découle du statut, certes l’institution, qui admet par ailleurs l’existence de ce « champ disciplinaire » retarde à généraliser un programme qui existe déjà ailleurs, notamment dans la série STG ou dans l’enseignement agricole. Mais pour autant, le blocage n’est pas qu’institutionnel. Il doit être recherché au cœur même de la profession, c’est-à-dire dans ce qui l’origine et la constitue. A l’heure où une sorte de fatalité historique (l’éternel échec de la pédagogie nouvelle), politique (le retour vers une éducation traditionnelle) et économique (« l’économie de la connaissance » prônée par la « stratégie de Lisbonne ») semble frapper le corps des enseignants documentalistes et freiner son évolution, ces derniers ne peuvent plus éluder les questions vives d’un débat qu’ils ajournent régulièrement depuis plus de 20 ans.

Ces blocages sont avant tout de nature identitaire. Et c’est à partir de ce point de portée générale, point consensuel au moins au départ, que nous tenterons de prendre à bras le corps les résistances à l’idée d’une discipline de l’Information-documentation. Ces résistances nous apparaissent comme autant de représentations faisant obstacle à l’évolution du processus de professionnalisation des professeurs documentalistes. Si les facteurs responsables de cette méfiance ressentie par la profession à l’égard de l’option disciplinaire sont complexes et mériteraient un long développement dans le cadre d’une sociologie des professions, il est toutefois possible d’avancer quelques repères en espérant qu’en mettant à plat un certain nombre de non-dits, une réflexion commune puisse être entreprise qui interrogerait ces représentations et permettrait de lever les obstacles.

Nous avançons ainsi que ces obstacles pourraient provenir d’interférences avec le modèle canonique que constitue la pédagogie dite traditionnelle, entraînant dans son cortège de vives protestations un certain nombre de confusions sur l’idée d’une discipline originale. Au nombre de ces protestations à saisir comme autant d’indices à lever pour comprendre, il nous faudra également interroger les représentations professionnelles sur les savoirs à enseigner et sur l’évaluation des apprentissages…

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