Référence documentographique
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Pédagogie, j’écris (vite) ton nom… : Les professeurs documentalistes ont-ils encore besoin de référentiels pour former les élèves ?

A l'heure où trois compétences professionnelles des professeurs-documentalistes sont explicitement citées comme hors de leur champ (« trois points inadaptés à la profession de documentaliste »), j'exhume un travail commencé il y a 2 ans autour des compétences info-doc que j'ai repris et complété : Référentiels & apprentissages documentaires : bibliographie analytique. Je remercie d'abord Pascal Duplessis qui avait effectué un recensement sur lequel je me suis appuyée et que j'ai simplement complété.

Je voudrais commencer par un point de vocabulaire qui me semble particulièrement révélateur : je constate que les flous terminologiques autour de la profession perdurent dans nos rangs comme dans les représentations institutionnelles. Dans les propos de M. Durpaire, on trouve les termes de « documentaliste », d' « enseignant-documentaliste » et de « professeur-documentaliste » mais curieusement, la mention « non-concerné » et les trois points en jeu touchent les « documentalistes », tout court. Quant aux « enseignants-documentalistes », ils sont stigmatisés dans leurs formations qualifiées de « trop technicistes ». La seule mention au terme de « professeur-documentaliste » renvoie au protocole d'inspection dont il constitue une partie de l'intitulé.

Personnellement, j'ai toujours milité pour l'emploi de ce terme ou de sa version écourtée de « profdoc » : les mots sont des leviers indispensables au changement des mentalités et une partie non négligeable de notre fonction consiste justement à les interroger, à les hiérarchiser et à les mettre en relation.

Revenons à la mission pédagogique qui constitue notre cœur de métier : les nombreuses tentatives de recensement, de progression, de contextualisation de compétences info-documentaires en témoignent. La liste démarre en 1994, signe que ces problématiques ne sont pas nouvelles. L'émergence d'Internet et de son utilisation dans la recherche documentaire a multiplié et diversifié les initiatives de référentiels, de liste d'habilités, et d'autres cadrages aux noms divers. La mouvance des documents en ligne rend difficile le repérage de ces éléments, certains d'entre eux ayant été retirés des sites depuis 2 ans (date à laquelle j'avais commencé mon recensement). J'ai pu les retrouver dans Internet Archive.

Le document n'est bien sûr pas exhaustif mais il donne la mesure de l'importance de la maîtrise de l'information, ce « nouveau paradigme dans le paysage de l'information et de la communication » (Introduction à la maîtrise de l'information par Forest Woody Horton, Jr. Unesco, 2008).

Certains réfléchissent à des notions info-documentaires qui légitiment notre pédagogie en identifiant un contenu disciplinaire et en le structurant. D'autres travaillent sur des progressions adaptées à leur établissement. N’est-ce pas là très précisément ce qui est prescrit dans Concevoir et mettre en oeuvre son enseignement : le professeur « est capable d’élaborer des programmations et de répartir les apprentissages dans le temps ». Mais cela ne nous concerne pas !

Il est regrettable que ces compétences informationnelles pourtant primordiales soient reléguées en seconde position dans le protocole d'inspection inversant les priorités de la circulaire de mission, certes obsolète mais dans laquelle formation et pédagogie sont les maîtres-mots. Non moins inquiétants seraient les verbes employés dans ce même second point « contribuer », « participer », « coopérer » qui pourraient laisser penser à une hiérarchisation. Mais nous n’en ferons rien : nous ajouterions ce faisant à notre schizophrénie un soupçon de paranoïa.