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Référence documentographique

Gautreau Bénédicte. Le Pacifi : des besoins professionnels bien mal pris en compte… Les Trois couronnes, 23-01-2011

http://lestroiscouronnes.esmeree.fr/table-ronde/le-pacifi-des-besoins-professionnels-bien-mal-pris-en-compte

Le Pacifi : des besoins professionnels bien mal pris en compte…

Le PACIFI a été conçu, nous dit-on pour « répondre aux besoins des professeurs-documentalistes». Or, 25 ans après la circulaire de missions et 22 ans après la création d’un CAPES spécifique, en quoi ce texte répond-il aux besoins des professeurs-documentalistes ?

Depuis la création du CAPES, les anciens bibliothécaires-documentalistes sont devenus professeurs-documentalistes. Depuis ce changement qui leur donne le statut d’enseignant, les professeurs-documentalistes n’ont pas de programme. Le PACIFI semble avoir été conçu pour combler ce manque. Or il ne propose pas de progression dans les apprentissages info-documentaires, ce que réalise le référentiel professionnel de la FADBEN, auquel aucune allusion n’est faite. Pourtant ce document se propose de servir de base aux professeurs-documentalistes dans la formation des élèves du collège au lycée.

Le PACIFI aurait pu avoir un cadre plus général que celui de l’établissement, car la disparité déplorée dans les formations reçues par les élèves demeurera.

A l’heure actuelle, la coutume chez les professeurs-documentalistes est de dispenser une formation à la maîtrise de l’information aux élèves de 6ème à raison d’une heure par semaine ou tous les quinze jours, selon la taille des établissements. Cette formation mérite d’être inscrite à l’emploi du temps des élèves car elle permet de poser les bases de la relation pédagogique pour les années à suivre. Pour les autres niveaux, la formation aux savoirs et compétences en information-documentation se fait sur les créneaux horaires d’enseignement de collègues de discipline, parfois réticents car ils ont un programme à finir. Pourtant dans leurs programmes est mentionné le travail en collaboration avec les professeurs-documentalistes et la recherche documentaire, donnant lieu entre autres à des exposés. Donc si je ne m’abuse, le PACIFI a été conçu pour inciter des collègues de discipline, à remplir leur programme en collaboration avec le professeur-documentaliste en utilisant davantage le CDI et ses ressources documentaires, ce qui est l’une de ses vocations.

Mais, en tant qu’outil pour la formation à la maîtrise de l’information, le PACIFI est « conçu pour répondre aux besoins des professeurs-documentalistes ». Page 12 de ce document, «le professeur-documentaliste doit, pour permettre l’acquisition d’une culture... : évaluer…, aider…, encourager…, coopérer avec les enseignants…, et coopérer avec les CPE ». Je suis surprise (naïvement) que l’enseignant-documentaliste ne doive pas de façon explicite préparer des séquences pédagogiques en collaboration avec les enseignants, je suis surprise également que soit bien détaillée une liste de verbes qui relègue le professeur-documentaliste à un rôle de simple accompagnateur et non pas d’enseignant. Ou peut-être est-ce implicite ? Ou serait-ce un oubli ? Alors que les tâches courantes (et implicites pour un professeur-documentaliste, telle la mise à disposition des ressources et l’accueil des publics) sont indiquées…

D’autre part et au même titre que pour les collègues de disciplines, dont ceux d’histoire, de français, d’EPS ou d’arts plastiques, ayant passé un CAPES, la création d’une agrégation semblerait adéquate pour avoir à un moment donné dans ma carrière la possibilité d’apprendre plus pour gagner plus et faire de la recherche pour transmettre plus de mes connaissances aux élèves. Les sciences de l’information sont suffisamment vivantes et riches d’enseignement pour fournir le contenu de cette agrégation.

Et pourquoi ne pas appliquer le texte de l’IFLA/UNESCO à la lettre ?

Pour répondre aux réels besoins des professeurs-documentalistes, il faudrait créer un emploi d’aide-documentaliste, pour remplir des taches consumant du temps, mais ne nécessitant pas de formation universitaire, comme « mettre en rayon, couvrir des livres, faire la gestion des prêts ». C’est d’ailleurs l’IFLA et l’UNESCO, desquels le PACIFI se recommande, qui, dans leur rapport sur les orientations des bibliothèques scolaires en 2002, préconisent explicitement l’emploi de ce type de personnel au sein des CDI1.

Ces organismes préconisent que l’un des devoirs des bibliothécaires scolaires, est le devoir de former les élèves, non pas de superviser cette formation.

Le manifeste écrit par l’UNESCO et l’IFLA incite vivement les gouvernements et les ministres d’éducation à développer des stratégies, des politiques et des projets qui entérinent les principes de ce manifeste. Bien… reste alors à appliquer ce qui améliorerait nos conditions de travail et ainsi notre qualité d’enseignement !


  1. The IFLA / UNESCO Guidelines for school libraries, 2002. http://archive.ifla.org/VII/s11/pubs/sguide02.pdf 


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