Comment les élèves se représentent-ils les notions info-documentaires ?

CLG des Gondolliers, La Roche-sur-Yon (85). Cliché : Marie Pontoizeau

Une équipe de professeurs documentalistes de l’académie de Nantes constitue une banque d’énoncés langagiers produits par les élèves du secondaire lorsqu’ils répondent aux évaluations. Avant d’être analysés, ces énoncés sont recueillis et regroupés selon un protocole commun et mis à disposition des collègues et des chercheurs intéressés. Ce projet de recherche en didactique de l’information vise à faciliter l’élucidation des représentations des élèves et à permettre ainsi l’identification des obstacles aux apprentissages des savoirs info-documentaires.

Le groupe de travail de l’académie de Nantes (1) poursuit ses recherches en didactique de l’information. Après avoir publié un inventaire des concepts mobilisés dans les activités de recherche d'information en ligne en 2006 et esquissé une cartographie du domaine conceptuel de l’information, matière disciplinaire en 2007, l’équipe s’intéresse cette année aux représentations que nourrissent les élèves à l’égard des notions info-documentaires.

L’intention qui anime ce projet est de pouvoir disposer, pour chaque concept du domaine, d’un inventaire fiable des représentations qui font obstacles aux apprentissages. Dans un second temps, l’analyse de ces obstacles devrait aider à la conception des séquences pédagogiques dont l’objectif serait de transformer les conceptions incorrectes ou approximatives en conceptions justes. La construction de véritables situations-problèmes doit être fondée sur une telle estimation préalable des représentations. Ainsi par exemple, connaître dans quelle mesure le concept de mot-clé en Information-documentation est saisi par une certaine proportion d’élèves comme le mot essentiel d’une phrase (registre de référence du français) est utile pour bâtir les séquences appropriées qui permettront de distinguer les deux au profit de la construction d’un savoir plus opératoire dans le cadre d’activités de recherche d'information.

S’agissant de concepts et non pas de savoir faire, l’observation des productions documentaires en tant qu’indice des acquis méthodologiques n’est pas opérante ici. Pour examiner ce que les élèves comprennent des abstractions qui sont la véritable cible de l’apprentissage, il faut pouvoir disposer de traces évoquant ce qu’ils dont capables, non d’en faire, mais d’en dire. L’attention a donc été portée sur les énoncés écrits, produits en situation d’évaluation diagnostique (avant la séquence) ou/et sommative (après la séquence).

Les énoncés ont été générés à partir de questionnaires identiques ou non (une cote permet de rapporter les résultats au bon questionnaire d’origine). Plusieurs niveaux de classe ont été sollicités afin d’offrir à l’analyse l’amplitude la plus large et par conséquent une vue d’ensemble des représentations selon les âges.

Pour réaliser ce projet et afin que les résultats puissent être rapprochés utilement, bien que produits dans des contextes différents, l’équipe a dû convenir de plusieurs protocoles : un protocole pour la réalisation et la présentation des questionnaires destinés aux classes, un autre pour la saisie des données relatives au contexte des évaluations (leur inscription dans la séquence et dans la progression de l’année), un troisième protocole enfin, pour le recueil des résultats (voir annexes) constitués par les énoncés produits. Par ailleurs, un soin tout particulier a été attaché à la retranscription des réponses des élèves, jusqu’à respecter scrupuleusement l’orthographe et la ponctuation.

Les énoncés sont regroupés dans des fichiers distincts relatifs à chacun des concepts à analyser. Par exemple, le fichier AUTEUR regroupe tous les résultats consécutifs à une ou à plusieurs questions portant sur le concept d’auteur, dans différentes classes et établissements, de la 6ème à la Terminale. Un seul fichier permet donc de disposer d’un grand nombre d’énoncés (545 pour le concept Auteur à ce jour, 638 pour le concept Information) permettant de prétendre à une certaine fiabilité des résultats de l’analyse. A l’intérieur de ces grands regroupements, les réponses sont d’abords rassemblées selon leur contexte de production, lequel est présenté dans un cartouche rassemblant les informations utiles à l’interprétation des résultats : lieu, date, moment de l’évaluation dans la séquence, localisation de la séquence dans l’année, détails des autres concepts travaillés, énoncé attendu par le professeur, etc.. Des commentaires sont ajoutés, si nécessaire, pour signaler tout point particulier devant être pris en compte.

Le groupe se propose de donner suite à ce premier travail de production et de mise en forme en procédant à une analyse des données rassemblées autour de 5 premiers concepts (voir les annexes). Le but, rappelons-le, est de dégager, pour chaque concept, les principales représentations des élèves. Là encore, un protocole de dépouillement des corpus a été jugé nécessaire pour permettre aux groupes d’enseignants de travailler en dehors des sessions et d’harmoniser par la suite les résultats de l’analyse. Ce protocole est en cours de test et sera publié ultérieurement. Une réunion en juin prochain devrait permettre de rassembler les premiers bilans. Un texte général sera publié à la rentrée prochaine sur le site de l’académie de Nantes.

En attendant les conclusions du groupe, il a été jugé important et utile de mettre à disposition de tous, professionnels de terrain, chercheurs, étudiants d’IUFM, des sciences de l’éducation ou des SIC, ces données brutes, et ce dans un esprit de mutualisation et d’ouverture. Il s’agit également de (dé)montrer, une fois de plus, non seulement l’existence d’une matière conceptuelle scolarisable, mais encore l’enjeu de l’évaluation dans la construction des savoirs info-documentaires.

Nous autorisons et encourageons leur éventuelle utilisation pour des travaux professionnels ou universitaires, à condition, bien évidemment, de ne pas y apporter de modifications contraires à l’esprit qui les a fait naître et à en signaler la source, dans le respect du droit moral de l’auteur.

Ces premiers corpus seront bientôt complétés par d’autres que nous constituons en ce moment même. Cela dit, l’entreprise dépasse de loin nos seules forces. Aussi appelons-nous les collègues intéressés par ce chantier, seuls, en équipes ou en bassins, à nous aider à augmenter le nombre des concepts en cours de traitement et à multiplier, par des collectes sur de nouveaux concepts, ces corpus, ceci dans le but d’offrir à la profession une banque de données couvrant à terme tout le domaine conceptuel. Les équipes intéressées sont ainsi invitées à prendre contact avec nous.

(1) Cette équipe est constituée cette année de Ivana Ballarini, Françoise Banes, Claire Corriette-paquier, Françoise Desille, Pascal Duplessis, Christiane Gauthier, Geneviève Gautier, Agnès Le Dem, Gwenvael Le Masson, Annie Lenoir-Donzeaud, Eliane Léon, Régine Luongo, Laurent Ménard, Valérie Reyre et Maryvonne Tastet.

Ill. : CLG des Gondolliers, La Roche-sur-Yon (85). Cliché : Marie Pontoizeau