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TEMOIGNAGE : Tergiversations d'une professeur documentaliste qui espère encore ne pas s'être « trompée de métier » !

Le débat sur la profession qui a lieu actuellement me fait réfléchir et réagir.

J'ai passé le CAPES externe de documentation en juin 2010. Mes deux ans d'IUFM, mes stages et mon expérience professionnelle de l'an dernier (stagiaire à temps plein dans un collège) me permettent toujours d'affirmer haut et fort mon statut d'enseignante en information-documentation même si la situation sur le terrain me fait souvent croire que je me suis "trompée de métier" ! Mais je ne vais pas m'appesantir et m'apitoyer ici sur ma situation personnelle (qui n'est pas plus enviable ou glorieuse que la majorité des professeurs-documentalistes) dans mon établissement car ce n'est pas le sujet quand on entame un débat sur notre profession ! Débat sans fin me direz-vous mais nécessaire au regard de l'actualité de l'éducation et plus particulièrement de notre profession !

Tout d'abord, je pense qu'il faut cesser de parler de sa "petite situation personnelle" au sein des établissements et voir plus haut ! Nous n'arriverons pas à entamer une discussion intelligente et à repenser notre profession sous l'angle unique de nos pratiques tellement elles diffèrent d'un CDI à l'autre et d'une personnalité à l'autre.

Voilà justement ce qui pèche dans notre corps par rapport aux enseignants de discipline. Chaque personne dans son CDI ré-invente en quelque sorte le métier ce qui crée une multitude d'identités professionnelles. Il s'agit d'un réel handicap non seulement sur le terrain mais aussi au niveau des institutions. En effet, ces différences relevées d'un établissement à l'autre sont un moyen pour l'institution, d'une part, de constater notre faiblesse et, d'autre part, de prendre appui sur des exemples particuliers vus dans des CDI ou sur des pratiques professionnelles isolées. Elle se sert ensuite de ces exemples de pratiques pour appuyer son argumentaire. Je pense ici notamment à la politique documentaire et à la transformation de certains CDI en learning centres.

Cette absence de cohérence et d'uniformité dans nos missions et au sein de notre corps est donc bénéfique pour l'institution qui peut alors déballer ces réformes en toute sécurité prônant le soutien d'une certaine partie de la profession !

Arrêtons l'individualisme et regardons un peu plus loin s'il vous plaît !

Ainsi, un curriculum ou un programme en information-documentation (comme préconisé par la FADBEN1) permettrait d'harmoniser nos pratiques et par conséquent la représentation de notre métier en tant que telle auprès de l'institution et de nos collègues. Il faut affirmer notre expertise pédagogique dans l'enseignement de la culture de l'information en se servant des différents travaux existants en didactique de l'information-documentation et des documents publiés depuis quelques années par la FADBEN (référentiel, projets de programme, module en information-documentation, wiki info-doc, ...).

Enseignant documentaliste, titulaire du CAPES, notre mission est essentiellement pédagogique (les missions de gestion, d'ouverture culturelle ... servant essentiellement la formation) !

Sinon je me pose la question : pourquoi s'être battu pour obtenir un CAPES si 21 ans plus tard, nous baissons les bras en acceptant la transformation et la réduction pure et simple de nos missions en sous-traitance, en contribution à ..., en gestionnaire de learning centre et en expert de la politique documentaire ??

Donc, oui j'adhère aux idées de la FADBEN. L'enseignement est ma vocation première, j'ai choisi ce métier pour ça et surtout parce qu'il proposait de nouvelles méthodes d'enseignement, de nouvelles pratiques pédagogiques que je n'ai pas trouvées dans les autres disciplines d'enseignement !

Je dis oui à l'agrégation en documentation, oui à un programme et à curriculum clair et défini qui permettra de mettre à plat une fois pour toute notre rôle. Oui à une pédagogie active et tout ça bien sûr dans l'intérêt de nos élèves !!

Certes toutes les évolutions (si l'on peut parler d'évolutions) prônées par notre institution me font craindre le pire mais j'ose encore espérer que grâce à la FADBEN, à ces adhérents et aux nombreux enseignants documentalistes qui ont choisi ce métier pour les mêmes raisons que moi, les choses vont bouger dans le bon sens !

Je n'ai pas vocation à révolutionner les choses mais voilà j'avais aujourd'hui envie de m'exprimer et de faire entendre la voix d'une jeune titulaire du CAPES qui a choisi un métier avec tout ce qu'il implique : le métier d'enseignante !


  1. NDLR : Lire les 12 propositions faites par le Groupe de recherche sur la culture et la didactique de l’information (GRCDI). 

Je fais cours au collège, au lycée et à l'I.U.T. du Havre (section Info-com). Le plus souvent seul face aux élèves, comme les autres professeurs de discipline! Même si je n'ai pas de manuel ("normal, tu n'enseignes pas dans une discipline!") ni de programme défini officiellement...

J'enseigne, je professe je transmets mon savoir (enfin j'essaie...).

C'est un choix et je l'assume! Pourquoi avoir passé un capes si c'est pour être bibliothécaire ou simplement assistant(e) de documentation ? Pour la stabilité de l'emploi, le salaire, les vacances...

On pourrait s'arrêter à l'initiation en 6ème ? pourquoi ne pas s'arrêter aux additions à l'écriture et la lecture en CP ??? les bons s'en sortiront toujours, les autres...

Alors, s'il vous plait, messieurs et mesdames les professeurs : ENSEIGNEZ !
Merci pour ce message d'encouragement à continuer à défendre cette ligne pédagogique. Je me permets de rappeler que d'autres organisations défendent cette ligne, portent cette revendication d'un curriculum en information documentation.
J'ai même retrouvé une archive syndicale SNES qui contestait un projet de circulaire de missions de 2002 par son manque d'ambition et pour cette raison.
Encore merci !
Voir mes réponses à l'article "Professeur-documentaliste ou professeur documentaliste ?" d'Agnes Stalder du 1er décembre et à Pascal Duplessis, toujours dans le fil de la discussion, le 2 décembre.