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ACTU : Compétence informationnelle, information literacy, culture informationnelle : un débat actuel aux enjeux éducatifs majeurs

Dans le cadre du "Congrès des milieux documentaires" qui s'est tenu à Montréal fin novembre début décembre 2011, l'un des colloques avait pour thématique "Le développement des compétences informationnelles dans l'espace universitaire". L'occasion de nous intéresser à la notion de compétence informationnelle telle que Vicky Gagnon, une intervenante, nous la présente sur le blog la "Tribune compétences informationnelles" et d'entrevoir les difficultés à dégager un consensus sur sa définition ainsi qu'à en délimiter les contenus.

De l'aveu même de l'auteure le concept d'information literacy, synonyme de compétence informationnelle dans nombre de bibliothèques universitaires québecoises, a une acception plus restreinte, limitée aux "skills" (habiletés), alors que le concept de culture de l'information, employé par le reste de la francophonie, va bien au delà de l'unique approche procédurale. Une nuance de poids comme le fait remarquer Vicky Gagnon lorsqu'elle convient que "former dans le but de développer une compétence n’implique pas les mêmes ressources, ni les mêmes objectifs d’apprentissage, que former pour faire acquérir des connaissances ou développer des habiletés". Encore faut-il rappeler que nous nous situons là dans le monde des bibliothèques, universitaires qui plus est. Et l'on aura intérêt à "regarder ce qui se fait ailleurs", ce que nous propose l'auteure, lorsqu'elle nous renvoie à des études britanniques (Johnson et Webber) dont l'approche globale fait de l'information literacy une "discipline appliquée et distincte" fondée sur trois axes : "citoyenneté, économie, employabilité"1. Cette approche résolument économique, orientée "société de l'information", se différencie de la conception strictement documentaire des bibliothèques, bien qu'elle ait une origine commune avec elle (Zurkowski, 1974).

Toute autre est encore la sensibilité française qui prend ses distances à la fois par sa traduction en "culture informationnelle" et par son contenu puisque celui-ci englobe les pratiques, les usages mais également les connaissances disponibles sur l'information. Pour Alexandre Serres, par exemple, la culture informationnelle est appelée à devenir une culture trans-informationnelle (une transliteracy) fondée sur la culture des médias, la culture documentaire et la culture informatique. Concept largement développé chez Olivier Le Deuff dont on aura intérêt à visiter les liens qu'il nous suggère dans les commentaires.


  1. Bill Johnston et Sheila Webber. “As we may think : Information literacy as a discipline for the information age”. Research Strategies 20, no. 3 (2006). p. 108–121